Cameroun : le roi Eto’o annonce sa retraite internationale

Samedi 30 Août 2014 - 5:00

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Dix-sept ans après son entrée en jeu sous une pluie battante face au Costa Rica, le Camerounais Samuel Eto’o a annoncé sa retraite internationale via les réseaux sociaux. À 33 ans, l’attaquant camerounais, qui vient de signer pour deux ans avec les Anglais d’Everton, imite donc son grand ami et rival ivoirien Didier Drogba qui a annoncé qu’il ne porterait plus le maillot des Éléphants. Une page du football africain se tourne, mais au vu de leur parcours et comportement respectifs au Mondial 2014, cette double décision est d’une grande sagesse

L’annonce de la retraite internationale de Samuel Eto’o, diffusée sur ses comptes Twitter, Facebook et Instagram mercredi, tient en quelques lignes. Et aura été aussi brève que son palmarès est long avec, en vrac, deux CAN, dont il reste le meilleur buteur, l’or olympique, trois Ligues des champions, une Coupe du monde des clubs, quatre Ballon d’or africain… Seule la Coupe du Monde s’est refusée à celui qui en fut pourtant le plus jeune joueur, lors de sa première participation en 1998.

Le jeune coéquipier devenu un féroce rival de Rigobert Song
À cette époque, Samuel Eto’o fils était le jeune attaquant de New Bell prêt à dévorer la planète foot, mais également capable d’écouter ses aînés, tels que feu Marc-Vivien Foé, Patrick Mboma ou Rigobert Song. Mais en grandissant, le jeune conquérant va aussi s’affranchir de ses aînés, sa relation avec le capitaine Rigobert, à la fin des années 2000, puis avec son neveu Alexander devenant même un poison mortel pour l’ensemble de la tanière des Lions indomptables.

Depuis 2008, la sélection nationale est devenue un boulet
Depuis la finale perdue de la CAN 2008, son parcours en sélection aura d’ailleurs été davantage un boulet pour Eto’o. En revanche, en club, il s’est affirmé, dix ans durant, comme l’un des tout meilleurs attaquants d’Europe : entre sa victoire en Coupe d’Espagne 2003, avec le modeste Real Majorque, et le triplé de 2010-2011 (Super Coupe, Coupe et Coupe du monde des clubs) avec l’Inter, Samuel Eto’o est probablement le meilleur numéro neuf du monde.

Buteur d’exception au service du collectif, il marche sur l’Europe
Buteur patenté, avec 135 buts en Liga, 78 en Ligue des champions et 33 en Série A, Eto’o était également capable de faire marquer les autres, en témoignent les 89 passes décisives qu’il a délivrées dans sa carrière. Joueur instinctif et réaliste, il savait se détacher de l’individualisme qui caractérise les grands attaquants pour se mettre à la disposition du collectif, comme lors de la saison 2009-2010, où Mourinho le place à gauche pour garder Milito dans l’axe. Lors de la mémorable qualification face au Barça, qui venait de l’échanger contre Ibrahimovic et 46 millions d’euros, il joue au poste de latéral gauche pendant une heure.

Fondation contre ego et arrogance, faces vertueuse et sombre de SEF
Devenu le joueur de foot le mieux payé du monde après son départ à l’Anzhi Makhachkala, au Daguestan, Samuel Eto’o reste un amoureux de son pays et de son continent : la Fondation Samuel Eto’o, les centres de formation du projet Fundesport sont des exemples concrets et réels de la face vertueuse de SEF. Mais la face sombre du joueur va prendre le dessus lors des deux dernières années : au Cameroun, son nom est de plus en plus sujet à polémiques, comme lorsqu’il s’en prend, avec une arrogance insolente, à un journaliste camerounais, ou lors de ses joutes verbales avec Roger Milla et le clan Song.

Il finit par diviser les supporteurs camerounais
Mal entouré, il se fait ensevelir par un ego démesuré, le millionnaire sans manières enterrant définitivement l’enfant ambitieux de New Bell. Son comportement de diva, qui, rappelons-le, a déjà annoncé sa retraite à deux reprises (en 2011 et 2013), divise le football camerounais.

Un été 2014 désastreux, hors et sur les terrains
L’été 2014 va sonner l’hallali pour Eto’o, pris dans l’œil du cyclone d’une affaire sordide avec son ex-maîtresse Nathalie Koah. Lâché par Chelsea, malgré ses neuf buts et cinq passes décisives en 21 matchs de Premier League, il réalise un Mondial désastreux et honteux : un match sans saveur face au Mexique et un forfait apparenté à une désertion pour la suite du tournoi. Dans les semaines suivantes, son ami Jean II Makoun a raccroché les crampons, isolant un peu plus le triple champion d’Europe. Qui est destitué de son brassard le 26 août par le ministre des Sports, Adoum Garoua, qui nomme Stéphane Mbia.

Attention, le vieux lion n’est peut-être pas tout à fait mort
C’en est trop pour l’orgueilleux Samuel Eto’o. Non convoqué en raison de sa signature tardive avec Everton, il laisse une sélection ravagée et en danger dans un groupe D relevé, avec la Côte d’Ivoire, la RDC et la Sierra Leone. Secrètement, il rêve peut-être qu’on vienne le chercher, prochainement, tel le Messi(e) qu’il a souvent été pour la tanière. Et qu’en attendant, il se fera un plaisir de marquer en Premier League pour démontrer que le Lion n’est pas mort ce soir. Enfin, pas tout à fait mort.

Camille Delourme

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Samuel Eto'o et le Cameroun, c'est fini. Enfin, normalement, car l'ancien Barcelonais a déjà annoncé sa retraite à deux reprises. (© Adiac) ; Photo 2 : Meilleur buteur de l'histoire de la CAN, qu'il a remporté à deux reprises, Eto'o était un jeune coéquipier respectueux, mais ça c'était avant ! (© DR) ; Photo 3 : Avec le Barça, puis l'Inter de Milan, il remporte trois Ligues des champions et marche sur l'Europe. (© DR) ; Photo 4 : Sa rivalité avec le clan Song, ici Alexander, a exaspéré le public camerounais. (© Adiac) ; Photo 5 : Arrivé à Everton, Eto'o va tenter de prouver qu'il n'est pas fini et que tout le monde à tort, sauf lui. (© DR)