Appel anti-Kabila : une journée contenue d'une main ferme

Jeudi 16 Novembre 2017 - 19:32

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La mobilisation contre le chef de l'Etat a été fermement contenue le 15 novembre en République démocratique du Congo, à la grande satisfaction des autorités, de nouveau interpellées par les Nations unies sur le respect de la liberté d'expression.

Aucun incident majeur n'a marqué cette journée de mobilisation contre le calendrier électoral qui fixe les prochaines élections au 23 décembre 2018. Les organisateurs -opposition et mouvements citoyens- exigent le départ du président Joseph Kabila dès la fin de cette année. Un "délinquant" a été blessé par balles à Kinshasa et dix-neuf manifestants ont été arrêtés à Goma (6), Lubumbashi (7) et Matadi (6), a affirmé la Police nationale dans un communiqué. Le communiqué mentionne des incidents isolés (pneus brûlés, bus incendié...) dans plusieurs villes et salue "la maturité" des Congolais "qui n'ont pas répondu à cet appel à manifester visant la déstabilisation des institutions"

La majorité présidentielle qui soutient M. Kabila a aussi salué "la grande maturité du peuple congolais" face à la "mauvaise foi et la supercherie de ces démocrates de façade". Une quarantaine de manifestants ont été arrêtés dans l'est du pays, avait pour sa part indiqué le mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha), à l'origine de cette journée soutenue par le Rassemblement de l'opposition. Les forces de sécurité avaient prévenu qu'elles se montreraient inflexibles. "Tout attroupement de plus de cinq personnes sera dispersé", avait averti le chef de la police de Kinshasa Sylvano Kasongo. "Sans pitié", aurait-il ajouté d'après plusieurs médias.

"Les commentaires incendiaires des autorités de police avant les manifestations d'aujourd'hui sont extrêmement alarmants", a réagi le Haut commissaire aux droits de l'homme des Nations unies, Zeid Ra'ad Al Hussein, ajoutant: "J'appelle le gouvernement et les forces de sécurité à œuvrer pour désamorcer les tensions au lieu de créer les conditions favorisant la répression, la confrontation et la violence". Le Haut commissaire a appelé Kinshasa au "respect des droits à la liberté de réunion pacifique, d'association et d'expression", tout comme la Mission des Nations unies en RDC la veille. Sur le terrain, l'appel s'est traduit dans la capitale Kinshasa non par des manifestations, mais par une activité moins dense que d'habitude.

La circulation était dans l'après-midi plus fluide qu'un jour de semaine ordinaire sur les grands boulevards 30-Juin et Lumumba, alors que la vie paraissait normale dans les quartiers. La présence des forces de sécurité était discrète. Dans la capitale économique Lubumbashi (sud-est), la police a enregistré quelques incidents (barricades et pneus brûlés, bus incendié...). "Mon magasin est fermé, pas pour suivre le mot d'ordre des politiciens mais j'ai peur des pillages", a déclaré à l'AFP un commerçant. Au pouvoir depuis 2001, élu deux fois en 2006 et 2011, M. Kabila ne peut plus se présenter et son mandat a pris fin le 20 décembre 2016 selon l'actuelle Constitution. Un accord pouvoir-opposition du 31 décembre 2016 prévoyait déjà l'organisation de la présidentielle au plus tard en décembre 2017. Cet accord étant resté lettre morte, l'opposition rejette désormais le calendrier électoral présenté le 5 novembre et demande une "transition sans Kabila" dès le 1er janvier et des élections avant le 23 décembre 2018. Les opposants évoquaient une nouvelle journée de mobilisation le 28 novembre avant celle mercredi. Des manifestations pour demander des élections et le départ du président Kabila avaient fait des dizaines de morts à Kinshasa en septembre et décembre 2016.

 

AFP

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