Alimentation mondiale : la faim est une bombe, avertit Romano ProdiMardi 31 Mars 2015 - 14:34 L’ancien président de la Commission européenne invite à ne pas voir la faim sous le seul angle de la pénurie. Pour Romano Prodi, pas de doute : il y a plus de demande que d’offre en matière d’alimentation mondiale. « Mais il n’y a absolument pas la conscience dans le monde que la multiplication par trois de la production en céréales comme on l’a vu dans les cinq dernières années est irréalisable ». L’ancien président de la Commission européenne, ancien Premier ministre italien, économiste et africaniste de renommée, a fait une intervention remarquée à Florence, où se tenait samedi dernier une conférence sur le thème « Italie 2015 : l’Italie dans l’année de l’Expo ». Rappelons que l’Italie organise l’exposition universelle du 1er mai au 31 octobre prochains à Milan, capitale économique du pays. Le thème retenu est “Nourrir la planète, Énergie pour la vie”. Parmi plus de 140 pays inscrits et désireux de venir animer un stand suggestif à ce grand rassemblement, on compte de nombreux États africains, ceux de l’Afrique centrale étant parmi les premiers et les plus nombreux à s’être annoncés. À l’instar de l’Angola dont un pré-stand trône ces jours-ci dans les halls de l’aéroport international romain de Fiumicino, l’Afrique centrale viendra présenter son savoir et savoir-faire en agriculture et en art alimentaire notamment. C’est pourquoi à la conférence de Florence samedi, Romano Prodi a mis en garde contre une négligence du lien entre faim et paix dans le monde. « La productivité croît moins dans le monde », a-t-il dit. Les premiers effets de cette situation se sont vus en Afrique du Nord en 2011, avec ce qu’on a appelé ‘les émeutes de la faim’. Le problème se pose pour les 800 millions de personnes qui souffrent encore de la faim dans le monde aujourd’hui, a dit M. Prodi. Mais il se pose aussi « pour les milliards d’autres personnes qui sont en train de changer de mode alimentaire, passant d’une alimentation à base végétale, à une alimentation carnée ». « Dans ce cadre, on voit que le défi de la sécurité alimentaire est porté par ceux qui ont les plus grands besoins telles la Chine et l’Inde » qui occupent les terres restées incultivées en Afrique et en Amérique latine. « Nous ne nous rendons pas compte que le commerce des denrées alimentaires est en train de changer de protagonistes dans le monde. Le grand grenier à céréale devient la Chine », a soutenu M. Prodi. Il a conclu en indiquant que « pour l’agriculture du futur, on a inventé la vilaine expression d’ « intensification durable ». Il a invité son pays, connu pour son savoir-faire agricole, à ne pas laisser que la croissance économique annoncée se fasse au détriment de la production agricole. « Les terres doivent toutes être laissées à l’agriculture », pour la production des biens agricoles, a-t-il réaffirmé. Lucien Mpama |