Album « Caligula » : Le Karmapa verse dans la provocation

Jeudi 4 Janvier 2018 - 19:04

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« Caligula », le titre-phare du dernier album portant le même nom de ce chantre de la rumba serait, d'après les amélomanes avertis, un pamphlet asséné, sans le citer nommément, à un autre grand artiste du pays. Les regards des critiques sont tournés vers Antoine Agbepa, dit Koffi Olomide, avec lequel l'auteur n'est plus en odeur de sainteté depuis des lustres.

Résultat de recherche d'images pour "le karmapa"Dans les milieux intéressés, la chanson aux accents satiriques ne passe plus inaperçue. La curiosité est telle que d’aucuns cherchent à l’écouter pour se faire une religion par rapport à tout ce qui se ragote autour. Si pour l'auteur, « Caligula » fait référence à un empereur romain du 1er siècle dont il dénonce les frasques en s’appuyant sur sa devise « qu’ils me haïssent, pourvu qu’ils me craignent », les mélomanes, eux, ont une autre perception de l’œuvre. « Tel un pasteur, je dénonce, dans ma chanson, inspirée de l’empereur romain, les agissements de ceux de nos contemporains qui se plaisent à nuire aux autres en les invitant à un changement de mentalité », indique-t-il.

Bitu Djeni, de son vrai nom, a beau s’expliquer sur le contenu de son œuvre qui, d’après lui, ne fait que peindre les réalités sociales, mais le commun des mélomanes y voit un pamphlet asséné à un autre grand artiste musicien du pays. « C’est un conseil que je donne à tous ceux qui colportent des  bruits sur les autres au lieu de leur dire la vérité en face », affirme-t-il, comme pour se dédouaner.  

« Caligula » est, en fait, le nom que le chanteur donne à cet homme pervers et indigne qui se complaint dans des niaiseries, lesquelles tranchent nettement avec son âge et sa personnalité. En bon coureur de jupon et friand des liqueurs fortes, il ne laisse rien passer et pousse l’outrecuidance jusqu’à faire des avances à des enfants qu’il a vu grandir. Provocateur impénitent, endetté jusqu’à la moelle, mauvais patron et, par dessus-tout, un mégalo de la pire espèce, tel est le portrait peu flatteur que dresse Le Karmapa de ce Caligula qui ne fait que multiplier des inimitiés autour de lui à cause de ses incartades. « Ngai na ye tokosuka mosika » (traduisez : avec lui, nous irons loin), lâche le chanteur comme pour exprimer un ras-le-bol longtemps contenu face aux dérapages récurrents de Caligula. 

Entre le chanteur ciblé dissimulé derrière un nom d’emprunt et Bitu Djeni, bien d’observateurs établissent vite le lien. Et si ce fameux Caligula était Koffi Olomide ? susurre-t-on. Et lorsque l’auteur évoque la barbe blanche « Mandefu ya Pembe » en exhumant un proverbe ressassé à l’époque par Félix Wazekwa au plus fort de sa guéguerre avec le patron de Quartier Latin, les suspicions deviennent un peu plus corsées. Le look actuel de Koffi Olomide, mis en relief par une barbichette blanchâtre, paraît comme une coïncidence qui n’est guère innocente. Mais aussi lorsque l’auteur fait référence à une jeune fille que Caligula aurait pris pour femme après lui avoir rasé les cheveux, la similitude est presque parfaite avec l’épopée de Cindy le Cœur.

Quoi qu’il en soit, Le Karmapa vient là d’arpenter le sentier sinueux de la polémique en attisant inutilement le feu dans ses relations avec ses pairs artistes musiciens, fait-on remarquer. Avait-il besoin de cette déviation thématique pour relancer une carrière musicale en ballotage depuis « Je m’appelle toi », l’album qui l'a propulsé sur la scène musicale ? Est-ce une façon pour le prince de la rumba de se défouler après l’escapade de sa chanteuse Tatiana Cruz courtisée par Koffi Olomide avant de se retrouver dans les bonnes grâces de Fabrigas ?  Pour l‘artiste, c’est une nouvelle direction qu’il veut imprimer à sa musique inspirée, du point de vue mélodie et textes, du style Rumba Odemba hérité de son mentor Luambo Makiadi Franco. L’album « Caligula » comprend deux volumes avec vingt et un titres au total. On peut le retrouver sur iTunes. À écouter impérativement.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Le Karmapa

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