Afrique : une révolution économique sans la RDCLundi 9 Mars 2015 - 19:00 Après des crises multiformes ayant eu des effets néfastes sur l’économie, la République démocratique du Congo (RDC) serait proche d’une autre catastrophe d’ampleur provoquée par une baisse de qualité dans l’éducation et la formation à tous les niveaux. Certaines analyses parlent déjà d'une crise de main d'oeuvre qualifiée aux effets incalculables sur la croissance de l'économie congolaise. À en croire la révélation d’un expert contacté par la rédaction, en 2013, ses homologues camerounais se sont étonnés de la difficulté à recruter des Congolais dans certains domaines majeurs, notamment les questions liées à l’Organisation pour le droit des affaires en Afrique (Ohada). L’extension de l'Ohada à Kinshasa a éprouvé cette difficulté. "Dans le temps, la RDC recevait les compétences étrangères pour une formation au sein de ses institutions universitaires, techniques ou professionnelles". Poursuivant son analyse, il a déploré la baisse quasi-généralisée du niveau de l’enseignement en RDC. "À l’exception de quelques institutions d’enseignement, la plupart de ces institutions sont restées l’ombre d’elles-mêmes. Aussi les compétences techniques se recrutent-elles dans les pays voisins pour satisfaire aux demandes des entreprises qui s’installent; les écoles techniques étant totalement dégarnies et déphasées face aux technologies nouvelles rendant peu compétitifs les étudiants qui en sortent". La conséquence est la préférence des diplômes et compétences étrangères sur le marché africain, en dépit de la politique de protection de la main d’œuvre nationale. Selon notre source, cette situation pose la problématique même de la politique de main d’œuvre nationale au cours de ces dernières décennies. Au-delà, toute la prétention du pays d’émerger sur le plan économique prend du plomb dans l’aile faute de réunir les compétences nationales nécessaires pour mener à bien cette mission. "L’existence d’une classe moyenne reste une problématique constante auquel il n’y est pas encore apporté de solution ". Aussi cette question devrait-elle interpeller plus d'un Congolais d’autant plus que le paysage africain est en profonde mutation. "Autour de nous, nous voyons dans bien des pays qui sont moins nantis que le nôtre d’importantes avancées, des changements positifs dans le paysage économique qui se prolongent dans la durée ". L’Afrique connaît sa révolution économique mais toute la crainte est que celle-ci se fasse sans la RDC.
Laurent Essolomwa |