Affaiblie par l'arrivée massive des émergents en Afrique, la France se doit de réagir. C'est le sens du rapport "Prêts pour l'Afrique demain?" publié par l'Institut Montaigne. Le think tank libéral formule plusieurs propositions chocs pour que la France stoppe l'hémorragie sur un continent où la Chine se taille désormais la part du lion.
Ci-après les cinq mesures phares présentes dans ce rapport :
1. Créer un cadre réglementaire contraignant pour contrer les Chinois
La France a perdu la place qui était la sienne en Afrique. Entre le début des années 2000 et aujourd'hui, les parts de marché de la France en Afrique subsaharienne sont passées de 9,7% à 4%. Un repli concomitant à l'arrivée massive de la Chine sur le continent puisque sur la même période la part de marché de Pékin est passée de 3,7% à 17,8%. En plus de la Chine, il y a la concurrence de l'Inde et du Japon. " Nous avons du mal à définir une vision et à la mettre en œuvre", note le rapport.
La Chine est devenue le premier créancier bilatéral en Afrique subsaharienne, avec 55% des créances totales, loin devant la France avec 7% du total des créances. "En Angola par exemple, le pétrole, malgré des cours au plus bas, sert à rembourser les 20 milliards de dollars que la Chine a prêtés à Luanda", écrivent les auteurs.
2. Jouer la carte des startups et PME
Pour attirer un nombre croissant d'entreprises en Afrique, l'Institut Montaigne préconise notamment "d'orienter davantage l'Aide Publique au Développement française vers les startups, TPE, PME et ETI et d'augmenter les montants dédiés au capital-risque et au capital amorçage, via Proparco et le nouveau fonds entre l'AFD et la Caisse des dépôts et consignations". Les auteurs pointent les exigences très élevées des banques, notamment s'agissant des garanties.
3. Créer une banque française à l'export
En 2016, la part de l'Afrique subsaharienne est restée cantonnée à 2,5% des exportations et 1,5% des importations françaises, soit respectivement 11,2 milliards d'euros et 7,6 milliards d'euros. Afin de booster cela, le rapport préconise de réfléchir à la mise en place d'une banque française de l'export. "Les modèles développés à l'étranger pourraient utilement inspirer la démarche. Celle-ci regrouperait l'ensemble des instruments ayant un objectif premier de soutien à l'export (l'AFD, qui poursuit un objectif différent, en resterait distincte).
4. Renforcer les partenariats publics-privés
Favoriser la création de Partenariats publics-privés (PPP) dans l'éducation, intégrant les entreprises investissant en Afrique, les écoles et universités, étrangères et africaines, et les pouvoirs publics africains. Ces PPP seraient axés "sur des compétences à la fois plus techniques et peu développées sur le continent (mathématiques, ingénieurs…) et orientés vers le niveau bac – 2 / bac +3, par le développement de BTS notamment". Le rapport cible notamment "l'enjeu déterminant de la formation du middle management, des techniciens, de l'innovation et de la recherche & Développement en Afrique".
5. Remettre l'Afrique au cœur de la politique européenne
D'abord redéfinir les objectifs de développement post-Cotonou. Cet accord signé en 2000 entre l'Union européenne et les 100 pays d'Afrique, Caraïbes et du Pacifique (pays ACP) expirera en 2020. L'objectif c' est d'instaurer des zones de libre-échange entre l'Union européenne et les pays ACP selon les règles de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC).
Les négociations pour un nouvel accord devraient démarrer en août 2018 au plus tard. "Il faudra remettre au centre les questions de développement économique et de migration", indique le rapport.
Le Sommet Union européenne - Afrique en novembre 2017 à Abidjan en Côte d'Ivoire devrait définir "une stratégie claire, renouvelée et coordonnée des politiques européennes en Afrique", selon les auteurs du rapport.