Afrique centrale : les éléphants de forêt en voie de disparition

Vendredi 27 Octobre 2017 - 12:37

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La situation a été relevée dans le rapport de Biomonitoring du Fonds mondial pour la nature (WWF) dans la sous-région.

Les inventaires fauniques réalisés par le WWF dans quatre pays d'Afrique centrale ont révélé que les éléphants de forêt ont connu une baisse d’environ 66% sur huit ans sur une superficie de près de 6 millions d'hectares. Dans son communiqué du 25 octobre relatif à son rapport de Biomonitoring, WWF a noté que ces inventaires ont également montré que les aires protégées subissent deux fois moins de pressions de chasse qu’en dehors, faisant d’elles des zones de refuge pour la faune.

Ces inventaires, relève-t-on, ont été réalisés par le WWF, en collaboration avec les ministères chargés de la faune dans les différents pays et divers partenaires, entre 2014 et 2016 dans les aires protégées-clés (représentant 20% de la superficie) et dans les zones périphériques (concessions forestières, zones de chasse et autres types d'utilisation des terres) au Cameroun, au Congo, en République centrafricaine et au Gabon. Alors que ces recensements ont porté sur les éléphants de forêt, les grands singes (chimpanzés et gorilles) ainsi que sur les activités humaines dans la zone d’étude.

Implication pour renverser les tendances

Ces résultats publiés dans un rapport du WWF sur la biomonitoring en Afrique centrale estiment le nombre d’éléphants de forêt à environ 9 500 individus alors que la population de grands singes est estimée à 59 000 individus sevrés dans la zone couverte. Ces études ont,  a souligné le WWF, révélé une baisse de 66% de la population d’éléphants entre 2008 et 2016 à travers les paysages et une population probablement stable de grands singes. « Les chiffres sont particulièrement alarmants dans le segment Cameroun du paysage Tri-national Dja-Odzala-Minkebe (TRIDOM) où le nombre d'éléphants a diminué de plus de 70% en moins de 10 ans », a noté le WWF.

Le coordinateur du Biomonitoring du WWF pour l’Afrique centrale, K. Paul N'goran croit que « malgré ces données choquantes, les tendances peuvent être inversées en partie si les décideurs et les communautés locales utilisent ces données scientifiquement établies comme guide pour l'élaboration de politiques de gestion de la faune, de plans de surveillance et de stratégies pour lutter contre la criminalité faunique ». Pour ce responsable, il y a un besoin crucial pour la communauté internationale de soutenir de telles actions prises par les gouvernements et les ONG de conservation. À Paul N'goran de faire remarquer que c’était la première fois que des inventaires fauniques ont été menés à grande échelle et sur une aussi courte période de temps en Afrique centrale. Les recensements, a-t-il indiqué, ont été menés à l’aide de la technique de transects linéaires harmonisée, de la méthode de « Distance Sampling », qui est largement appliquée et reconnue internationalement pour les inventaires fauniques.

Les aires protégées comme refuges pour la faune

Ce rapport, fait également observer le WWF, a montré que le braconnage pour l’ivoire est la principale cause du déclin drastique des populations d’éléphants dans la région. Cela a poussé les éléphants à chercher refuge dans des aires protégées considérées comme des zones plus sûres. Dans ses explications N’goran a noté que « les résultats des inventaires ont révélé que le braconnage et les autres pressions humaines sont plus élevés en dehors des aires protégées; la pression est 50% moins élevée dans les parcs nationaux et autres aires protégées qu'à l'extérieur ».

Pour le coordinateur du Biomonitoring du WWF pour l’Afrique centrale, quoiqu'il y ait des progrès réalisés dans la réduction des impacts des activités humaines dans les aires protégées, il y a toujours de crainte si le braconnage persiste et que les couloirs de migration des éléphants ne soient pas sécurisés. «On risque d’assister à une décimation des populations restantes », a-t-il déclaré, en notant que cela pourrait étendre la menace à d’autres espèces de la riche biodiversité de ces pays.

Dans son appel, le WWF a exhorté les dirigeants de ces quatre pays concernés à renforcer de toute urgence la législation visant à lutter contre le braconnage et à fédérer leurs efforts et intensifier la surveillance et les mesures d’application de la loi, dans et autour des aires protégées transfrontalières, en collaboration avec les communautés locales. Ces actions permettront, pense l’ONG internationale, de combattre les opérations complexes des réseaux de criminalité faunique dans le bassin du Congo.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Photo: une troupeau d'éléphants/photo Wwf.

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