Affaire Biac : le gouverneur de la Banque centrale bientôt interpellé au Parlement

Mardi 5 Avril 2016 - 17:15

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En tant qu’autorité monétaire censée protéger l’épargne publique, la Banque centrale du Congo n’aurait pas joué à fond son rôle dans ce dossier qui, d’après le député Jean Lucien Busa, consacre la faillite du système bancaire en RDC.  

La situation précaire que traverse actuellement la Banque internationale pour l’Afrique au Congo (Biac) à court de liquidités préoccupe au plus haut point le commun des Congolais. Plus que jamais, l’intérêt général est porté vers l’aide à apporter à cette banque, la quatrième du pays, afin de la tirer du gouffre. Prenant à cœur le dossier, Jean Lucien Busa s’est résolu de le porter devant la chambre basse du Parlement afin de l’examiner en profondeur et, le cas échéant, établir les responsabilités. Le député national a cru bon d’interpeller le gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC), Déogracias Mutombo, afin qu’il apporte plus d’éclairage à ce sujet. Une question orale avec débat portant la marque de l’élu de Budjala est déposée depuis le 4 avril au bureau de l’Assemblée nationale censé convoquer l’intéressé devant la représentation nationale.

Jean Lucien Busa ne va pas par le dos de la cuillère et tient la BCC pour l’une des responsables de la situation que traverse la Biac. « La Banque centrale doit nous expliquer comment on en est arrivé là. Est-ce que son indépendance dans la conception et la mise en œuvre de la politique monétaire est-elle encore respectée ? », s’interroge l’interpellateur. Il accuse la BCC d’avoir rompu de manière brutale sa ligne de financement mensuelle plafonnée à hauteur de 40 milliards FC (37,5 millions d’euros) en faveur de la Biac. Ce pactole, indique-t-on, visait notamment à compenser la forte exposition au secteur public dans le portefeuille de crédits de la Biac (30%), des prêts libellés en francs alors que 77% des dépôts de la banque sont en dollars et à couvrir des dettes publiques en souffrance. Pour le gouvernement, cette décision était une des mesures qui visaient la stabilisation du taux de change eu égard au glissement du franc congolais par rapport au dollar.     

 Pour Jean Lucien Busa, la responsabilité de la BCC est aussi engagée dès lors qu’elle a puisé dans le compte de la Biac, 30 millions de dollars pour financer les dépenses gouvernementales, en termes de prêt. La Biac, argue-t-il, compte 400 000 déposants et 450 millions USD de dépôt. Et Jean Lucien Busa d’ajouter que les plus gros crédits qui pèsent lourds dans ses comptes sont venus de son désir de soutenir l’État congolais dans ses charges régaliennes. Et généralement, tous ces prêts ne sont jamais remboursés au grand dam de la Biac dont la trésorerie en a beaucoup souffert.  Abondant dans le même sens, d’autres analystes à l’instar de Michel Somwe chargent également la BCC qui n’aurait pas, d’après eux, joué convenablement son rôle en tant qu’autorité monétaire censée protéger l’épargne publique. 

Aux dernières nouvelles, il nous revient que le gouvernement a entériné depuis lundi une enveloppe de financement entre 40 et 50 millions de dollars au bénéfice de la Biac. Cette assistance financière, à en croire des sources au faîte du dossier, est composée d’un réescompte de 16 milliards FC (environ 14,8 millions d’euros déjà annoncés le 30 mars), d’une garantie du gouvernement sur des créances publiques et d’un refinancement. « L’option retenue consiste entre un mix de financements de la BCC et une recapitalisation de la banque par un nouvel investisseur », a indiqué une source proche de la BCC. Dès ce 5 avril, la Biac devrait reprendre ses activités normales avec la réouverture de ses différentes agences fermées temporairement pour besoin d’inventaire.      

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Déogracias Mutombo

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