Profil des conducteurs
Ce ne sont pas les écoles de formation à la conduite automobile qui manquent au Congo. Au contraire, elles font florès et proposent des formations à des prix très abordables, de 25 000 à 35 000 FCFA. Malheureusement, rares sont les Congolais qui acceptent de s’y s’inscrire, assurés d’obtenir leur permis au moyen de passe-droits. Et au bout du compte, on peut avancer que quasiment tous les conducteurs à Brazzaville, Pointe-Noire et ailleurs dans le pays sont détenteurs de permis. Mais c’est compter avec les faux documents… Cela se ressent sur le terrain où les comportements divergent selon que l’on est passé ou non par une auto-école, selon que l’on est au volant d’un véhicule personnel ou de transports en commun, selon l’âge ou le sexe, etc. Pour s’en convaincre, il suffit de parcourir les statistiques produites par le Bureau central des accidents.
Des routes qui ne communiquent pas
L’une des caractéristiques des routes congolaises est leur « mutisme ». En l’absence de cartes censées guider les citoyens dans les grandes agglomérations, ces dernières devraient être dotées de panneaux signalétiques, enseignes lumineuses et autres visuels pour renseigner automobilistes et usagers. Ces éléments sont autant de repères et de garde-fou dont on ne mesure pas assez le rôle ou l’intérêt sous les tropiques. D’aucuns répliqueront que les villes européennes qui en sont pourvues ne sont pas à l’abri des accidents, mais là-bas, un accident quel qu’il soit interpelle toujours. Sens unique, Dépassement interdit, Passage de train, Réservé aux motocyclistes, Poids lourds interdits, Impasse, etc., autant d’indications et d’orientations pour aider le conducteur et le maintenir en éveil…
Un code de la route à la congolaise
Il est souvent inquiétant de voir des automobilistes gérer les fondamentaux de la conduite. Ils sont nombreux qui amorcent un virage sans clignotant, ou qui se livrent à des manœuvres en pleine chaussée, obligeant les autres, par un simple geste de la main, à s’arrêter. Que dire des stationnements interdits ou des nombreuses incompréhensions auxquelles on assiste au niveau des intersections ou aux carrefours. Ici, souvent, le laisser-aller l’emporte sur la logique. À Brazzaville, et sans doute ailleurs dans le pays, des autobus n’hésitent pas à embarquer et débarquer des passagers sur la voie. Et que dire de la gestion de la vitesse dans les zones urbaines ? Finalement, à chacun ses règles de conduite.
L’inculture des citoyens
19 heures avenue Marien-Ngouabi à Talangaï : véhicules et piétons se livrent à un véritable chassé-croisé. À l’instar du lion et de l’hyène qui acceptent de pactiser au nom de la carcasse du buffle, les Brazzavillois signent de mortels pactes dont la route est, hélas, le terrain d’application. Un compromis, peut-être une compromission, qui fausse les règles de jeu dans ce domaine où la moindre erreur peut avoir des conséquences graves. Une culture rendue fertile par des citoyens incultes en matière routière, donc incapables de décrypter les signaux qu’émet un véhicule, incapables également de décoder le message que véhiculent les panneaux là où ils ont la chance d’exister. Bref, cela explique sinon l’absence de règles ou de sanctions punitives, du moins la faillite de la police chargée de réguler la circulation.
Les remèdes
Quelques mesures existent, et il sied de les appliquer. À commencer par la formation obligatoire à l’auto-école et des évaluations systématiques, amendes et retraits de permis. Et pour être dans l’air du temps, l’enseignement aux enfants des principes de base de la circulation dans les agglomérations.