8 mars 2015 : à la découverte de deux productrices d'aliments qui soignent

Dimanche 8 Mars 2015 - 18:59

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Joséphine Bouanga et Diane Mavoungou, deux femmes qui gagnent leur vie en soignant les gens par les aliments. Loin d’être des tradithérapeutes au féminin, l’une se présente en nutrithérapeute et l’autre en technicienne supérieure en agroalimentaire. Avec un néologisme qui renseigne : l’alicament. Cadres supérieures, les deux femmes ont constaté que la malnutrition ne frappe pas que les enfants mais même les adultes. Près de 80% de Congolais sont devenus malades à cause de la mauvaise alimentation.

Joséphine Bouanga, plus connue à Pointe Noire sous « Enoc Bio », prescrit principalement le soja et la courge, aliments renfermant de multiples vertus pour la santé. Elle conseille la courge aux hommes dans  le cas de la lutte contre l’hypertension, la prostate tandis que le soja est destiné aux femmes pour la prévention des différents cancers de l’organisme, tel celui du sein et du col de l’utérus.

Depuis quatre ans, après son cursus universitaire, au Congo en passant par le Benin, elle a ouvert un cabinet médical outre les boutiques qu’elles possèdent à Brazzaville et Pointe-Noire. Elle travaille avec cinq autres médecins, chacun avec sa spécialité (pédiatre, cancérologue, échographe, gynécologue).

« Rien qu’avec les produits à base de courge, 237 hommes ont été guéris ; plus de 150 personnes d’hypertension et de diabète aussi. Concernant la prostate je peux dire posséder des produits phare. S’agissant du cancer, j’ai le soja que je propose et j’ai des partenaires en Afrique du Sud qui m’envoient leurs formules. Je m’occupe actuellement de 6 cas et ceux qui sont guéris sont en observation », a confié Joséphine.

Quant à Diane Mavoungou, elle est encore à ses débuts. Elle s’est retrouvée dans l’alicament pour l’attrait nutritif de ses fruits transformés auprès des clients. Ceux qui venaient s’en approvisionner lui demandaient toujours l’apport en santé. Depuis 2010, elle est en phase d’expérimentation avec le Moringa, sous forme d’entreprise artisanale avec six travailleurs.

En effet, le Moringa est un aliment à croissance rapide, une légumineuse qui soigne et peut être incorporé dans d’autres aliments. Outre le moringa Diane s’est intéressée aux autres aliments  qui jouent le rôle de médicament, tel le gingembre, le sésame ou la courge. « Les gens souffrent le plus souvent de tension artérielle, des hémorroïde, du diabète. Ceux qui sont dans le moringa n’ont pas la même vision que moi, je suis avant tout technicienne de formation. Et je commence toujours par une consultation pour m’entretenir avec le patient puis prodiguer quelques conseils avant de prescrire le moringa qui est un complément alimentaire », a déclaré la jeune cadre. La matière première, Joséphine l’importe du Cameroun, de la République démocratique du Congo et du Tchad car le Congo est un pays dépendant à plus de 80% de l’importation. « La difficulté n’est pas dans la résolution de la pathologie qui se présente à moi.  Je suis obligée de faire venir la matière première, l’emballage et le reste pour la bonne présentation du produit », a-t-elle indiqué.

Diane par contre possède son lopin de terre où elle plante le Moringa. Cependant, elle est butée à des difficultés de financement mais elle est confiante que cela ne l’empêchera pas de posséder une entreprise industrielle car présentement son matériel est artisanal et tout se fait à la main. « Je me sens à l’aise dans ce business où il y a peu de monde. Beaucoup lâchent, faute de financement. J’atteindrai mon objectif en augmentant ma production même si les financements sont maigres », a-t-elle lancé confiante. 

Joséphine envisage de créer un centre de formation dont la priorité est réservée aux femmes. Elle est consciente qu’elle ne devrait pas être seule à exercer dans la nutrithérapie. Toutes deux invitent les femmes congolaises à se réveiller pour entreprendre et œuvrer pour la société. « (…) les femmes doivent travailler, s’identifier à la femme vertueuse des saintes écritures (…) même si je n’ai pas été à l’école, il faudrait être capable d’apporter quelque chose dans la famille. Que je sois utile à la société ! », ont-elles concluent.

Nancy France Loutoumba

Légendes et crédits photo : 

photo: Diane devant ses alicaments, photo Adiac