Congo-Chine : « Cinquante ans de confiance mutuelle et de soutien réciproque », selon Guan JianJeudi 20 Février 2014 - 15:15 Dans une interview exclusive aux Dépêches de Brazzaville, l’ambassadeur de Chine au Congo remonte le temps et scrute l’horizon de la coopération bilatérale, alors que ces deux pays s’apprêtent à célébrer, le 22 février, le cinquantième anniversaire de leurs relations diplomatiques Les Dépêches de Brazzaville : Sous quel signe cette célébration des cinquante ans sera-t-elle placée ? Guan Jian : Il y a plus de deux mille ans, le sage chinois Confucius disait : « A l’âge de cinquante ans, on assimile bien les ordres du Ciel. » C’est-à-dire que l’âge de cinquante ans, pour un homme, signifie l’entrée dans la maturité de son esprit. Ce dicton ancien incarne bien les relations diplomatiques entre la République populaire de Chine et la République du Congo d’aujourd’hui. Le 22 février 2014 marque le cinquantième anniversaire de leur établissement, donc les liens d’amitié et de coopération entre les deux pays dans tous les domaines entrent également dans l’âge mûr du développement. Le président de la République populaire de Chine, XI Jinping, a effectué une visite d’État en République du Congo en mars 2013 et cette année 2014, à l’occasion des célébrations du cinquantenaire des relations diplomatiques entre nos deux pays, le président de la République du Congo, Denis Sassou N’Guesso, effectuera à son tour une visite d’État en Chine. Ces visites entre les dirigeants suprêmes des deux pays à un intervalle si court prouvent bien l’intimité et la profondeur de nos liens. LDB : On a le sentiment que le même dynamisme caractérise également les relations économiques entre les deux pays ? G.J. : Nous remarquons effectivement le renforcement chaque jour et la croissance durable de la coopération économique et commerciale entre nos deux pays, allant de l’aide économique dans le passé aux partenariats gagnant-gagnant de nos jours. Le volume global des échanges commerciaux bilatéraux en 2013 a atteint 6,490 milliards dollars américains (3 245 milliards FCFA). La Chine est devenue le premier partenaire commercial du Congo. Avec l’amélioration jour après jour de l’environnement des investissements au Congo, de plus en plus d’opportunités se présenteront aux entreprises chinoises qui voudraient y investir. Tout cela marque la maturité de la coopération économique et commerciale. En outre, en cette année de cinquantenaire, les échanges dans les domaines culturel, éducatif, sanitaire et humain ont atteint des niveaux sans précédent et obtenu des fruits abondants. La réalité prouve donc que l’amitié entre les deux pays et les deux peuples a résisté aux épreuves du temps et s’est avérée encore plus puissante. LDB : Comment cet évènement se prépare-t-il à Beijing et quelles activités envisagez-vous d’organiser à Brazzaville afin de marquer d’une pierre blanche ce cinquantenaire ? G.J. : Actuellement, les deux parties se préparent activement à lancer ensemble une série d’activités de célébration. À Beijing, l’activité la plus importante sera sans nul doute la visite d’État qu’effectuera le président Denis Sassou N’Guesso en Chine. Les préparations sont déjà en cours par les deux parties et avec beaucoup d’attention. Par ailleurs, la partie chinoise envisage d’organiser une grande réception lors de la visite du président Sassou à Beijing, pour commémorer solennellement le cinquantenaire de nos relations. Nous inviterons le Ballet national congolais pour montrer aux amis chinois des représentations artistiques typiquement congolaises. En outre, en vue de renforcer les échanges entre les peuples des deux pays, la partie chinoise a bien l’intention, en cette année du cinquantenaire, d’inviter des délégations congolaises composées respectivement de femmes de l’élite, de personnalités non gouvernementales et d’amis de la presse. Le gouvernement et le peuple congolais vont lancer une série d’activités commémoratives magnifiques à Brazzaville. LDB : D’autres activités, disiez-vous, sont prévues par l’ambassade de la Chine à Brazzaville… G.J. : Du côté de l’ambassade de Chine au Congo, en collaboration avec la partie congolaise, nous allons organiser une exposition de photos d’archives précieuses sur les cinquante ans des relations sino-congolaises, offrir des albums-photos commémoratifs, aider la partie congolaise à imprimer une collection de timbres commémoratifs qui seront émis par la Poste du Congo le 22 février, inviter la troupe des artistes juniors de Nanjing « Petite fleur rouge » à donner des représentations artistiques au Palais des Congrès, etc. En outre, nous envisageons de lancer cette année un projet sanitaire nommé Opération de Lumière, qui offrira des interventions gratuites à cinq cents patients congolais souffrant de la cataracte. De plus, nous allons mettre en œuvre, en coopération avec le gouvernement congolais et l’UNESCO, un projet de formation des enseignants du Congo. LDB : Ce demi-siècle des relations entre les deux pays a aussi été une longue période de lutte commune, n’est-ce pas ? G.J. : Nous ne saurions jamais oublier que le gouvernement et le peuple chinois étaient fermement aux côtés des peuples africains dans leurs luttes contre le colonialisme et pour l’indépendance de leurs pays. La Chine coopère avec le Congo tout en s’adaptant aux besoins et aux objectifs de la partie congolaise pour son développement social et économique. La Chine a utilisé ses investissements et ses technologies pour aider le Congo dans son développement, en obtenant une part des marchés congolais. De même, une partie des ressources naturelles congolaises sont exploitées, utilisées et transformées en richesse nationale à travers ces investissements et technologies ; cela fortifie le socle pour le développement économique et social du Congo. C’est justement parce que la coopération sino-congolaise n’est pas un soi-disant « néo-colonialisme », ni une façon de « s’emparer des ressources naturelles africaines » que le peuple congolais fait confiance à la Chine et veut bien développer cette coopération pragmatique, basée sur une politique gagnant-gagnant. C’est aussi pour ces raisons que les peuples des deux pays peuvent se mettre toujours du même côté et travailler pour le développement durable de leurs relations bilatérales. LDB : La célébration du cinquantenaire est l’occasion de faire bilan de la coopération sino-congolais et d’envisager de nouvelles perspectives. Qu’en dites-vous ? G.J. : On peut dire qu’actuellement la Chine et le Congo ne sont pas dans une relation d’utilisation réciproque, mais plutôt une relation de confiance mutuelle, de soutien réciproque sur un pied d’égalité. Nos relations servent comme modèle pour les relations sino-africaines et la coopération Sud-Sud. J’espère que dans le futur, la Chine pourra continuer à faire valoir ses avantages d’investissements et de technologies dans la construction des infrastructures transnationales et transrégionales, trouver des domaines où investir dans l’industrialisation et l’exploitation des zones économiques et apporter ainsi une contribution au Congo dans son développement économique. LDB : La visite à Brazzaville du président chinois Xi Jinping en mars dernier a donné la preuve que le Congo est en Afrique un partenaire de taille pour votre pays. Selon vous, cette visite a-t-elle donné un nouvel élan à la coopération entre les deux pays ? G.J. : En mars 2013, le président chinois Xi Jinping a effectué une visite d’État au Congo. C’était une escale très importante pendant sa première tournée à l’étranger après son élection comme président, c’était aussi la toute première visite d’un président chinois au Congo depuis cinquante ans. Cette visite a un sens de jalon historique. Durant cette visite, le président Xi Jinping a reçu un accueil chaleureux du président Denis Sassou N’Guesso, du gouvernement et du peuple congolais. Les deux chefs d’État sont convenus, sur la base de l’amitié traditionnelle, d’établir un partenariat global de solidarité et de coopération entre nos deux pays. La visite du président Xi Jinping au Congo a obtenu un succès énorme, jetant ainsi une base solide pour un développement plus poussé des relations sino-congolaises. LDB : Comment percevez-vous l’évolution récente du Congo ? G.J. : La République du Congo est un pays très important dans la région d’Afrique centrale. Ces dernières années, sous la conduite du président Denis Sassou N’Guesso, le Congo a maintenu une stabilité politique et a connu une croissance socio-économique rapide. Le Congo a une influence de plus en plus grande dans la région Afrique centrale et même dans tout le continent africain, devenant de jour en jour une force très importante de maintien de la paix et de la stabilité en Afrique. La Chine attache une grande importance au développement du Congo ainsi qu’à son rôle constructif pour l’Afrique. Elle va continuer de multiplier les échanges de haut niveau pour promouvoir le développement des relations politiques entre nos deux pays, et en même temps, fortifier la coopération dans le domaine économique et commercial, et soutenir le Congo à jouer un rôle actif dans les affaires de la région. LDB : Le Congo s’est engagé, depuis quelques années, dans un grand programme d’industrialisation et de modernisation. Comment la Chine en tant que partenaire peut-elle l’accompagner pour réussir son ambition de pays émergent à l’horizon 2025 ? G.J. : En tant que partenaires fidèles du Congo, nous sommes ravis et fiers des fruits du développement du Congo. À l’heure actuelle, le peuple chinois s’emploie à parachever la réalisation du « rêve chinois » pour le grand renouveau de la nation chinoise, et le peuple congolais s’efforce de mettre en œuvre le programme du Chemin d’avenir pour parvenir à l’émergence nationale à l’horizon 2025. Étroitement liés par le même destin et le même objectif, nous avons donc devant nous d’importantes opportunités pour le renforcement de notre coopération amicale qui est une responsabilité majeure confiée à nos gouvernements et à nos peuples par notre époque. Dans les relations avec le Congo, la partie chinoise respecte en tout temps les principes de sincérité, d’amitié et d’égalité, et pratique avec fermeté la stratégie d’ouverture, de bénéfices mutuels et de coopération gagnant-gagnant. Dans la coopération économique et commerciale, la Chine met l’accent sur l’optimisation des structures d’échange, la promotion du financement des investissements et de la coopération entre entreprises. Elle intensifie sans cesse son effort en faveur du transfert technologique et du partage d’expérience. La Chine insiste sur l’idée que « mieux vaut apprendre à quelqu’un comment pêcher que de lui donner des poissons ». Ainsi, elle aide activement le Congo à renforcer sa capacité de développement autonome (endogène) et durable, et contribue à la diversification économique du Congo et son objectif de parvenir à l’émergence à l’horizon de 2025. Propos recueillis par Thierry Noungou et Guy-Gervais Kitina Légendes et crédits photo :L'ambassadeur de Chine au Congo, Guan Jian, Photo 2: Guan Jian et le ministre des affaires étrangères, Basile Ikouebé (© Adiac). |