Où peut mener le duel engagé par Donald Trump avec Vladimir Poutine et Xi Jinping ?

Cette question, nombre d'observateurs de la scène internationale la posent plus ou moins ouvertement depuis que les Etats-Unis ont décidé, avec leurs partenaires européens, de creuser à nouveau un fossé avec la Russie. Car derrière le renvoi pour le moins brutal de dizaines de diplomates russes en poste à Washington sous le prétexte de la tentative d'assassinat, dans la banlieue de Londres, d'un agent double russe, se cache sans aucun doute un problème infiniment plus grave que ni les Américains ni les Russes ne veulent, ou n’osent évoquer publiquement.

Sans prétendre connaître réellement le dessous des cartes de la partie de poker pour le moins dangereuse qui débute sur la table de jeux mondiale, l'on peut avancer sans grand risque de se tromper l'idée que la remontée en puissance de l'ex-URSS pose de sérieux problèmes aux puissances occidentales en général, à l'Amérique de Donald Trump en particulier : aux puissances occidentales, c'est-à-dire essentiellement à l'Allemagne, à la Grande-Bretagne, à la France qui ont parié sur un long déclin de la Russie et ouvert largement les portes de l'Union européenne aux anciens satellites est-européens de l'ex-URSS ; à l'Amérique de Donald Trump en particulier dont la combinaison de l'émergence de la Chine et de la réémergence de la Russie menace la place de puissance dominante acquise au sortir de la seconde guerre mondiale, il y a très exactement soixante-treize ans.

Affaiblir par tous les moyens les deux Etats qui contestent, désormais de façon claire, le rôle éminent des Etats-Unis dans la gouvernance mondiale devient au fil des mois l'un des principaux défis que le nouveau président des Etats-Unis entend relever. D'où l'installation aux postes-clés de la Maison-Blanche, du Département d'Etat, du FBI et de la CIA de personnalités connues pour leur volonté de traduire en actes forts la politique de l' "America First" inscrite par Donald Trump en tête de sa stratégie internationale. D'où également la multiplication des actions destinées à affaiblir sur la scène mondiale la position de Moscou et de Beijing dont l'élévation des barrières douanières sur l'acier constitue le parfait exemple.

Ce que ne comprend visiblement pas le locataire de la Maison-Blanche, c'est que ni la Chine ni la Russie ne sont impressionnées par ses gesticulations. Assurés l'un comme l'autre de rester aux commandes de leur Etat alors que Donald Trump va devoir très vite se battre pour rester à la Maison-Blanche quatre ans de plus comme l'exige la Constitution américaine, Vladimir Poutine et Xi Jinping ne se laisseront certainement pas intimider. Ils chercheront par tous les moyens à affaiblir leur adversaire - ce qui ne sera sans doute pas très difficile pour Vladimir Poutine en raison des soupçons de connivence avec Moscou qui planent sur la campagne présidentielle du successeur de Barack Obama – et, surtout, ils affirmeront haut et fort leur volonté de remettre en question la position dominante des Etats-Unis sur la scène internationale.

Il se pourrait bien, si ce qui précède est confirmé par les évènements, que l'on assiste dans les mois à venir à un rapprochement spectaculaire entre la Chine et la Russie qui aurait pour but de rééquilibrer définitivement en leur faveur la gouvernance mondiale et de saper la prééminence des Etats-Unis. Tout indique en somme que nous entrons dans une ère nouvelle dont le pire comme le meilleur peuvent sortir.