Enseignement supérieur : le doctorat de Matata Ponyo sous les feux de la contestation

Jeudi 15 Février 2018 - 17:40

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Le Pr Évariste Mabi Mulumba a démissionné de son poste de directeur de l’École doctorale de la Faculté d’administration des affaires et sciences économiques de l’université protestante du Congo (UPC) à  la suite des irrégularités ayant émaillé le processus conduisant à la défense de la thèse de l'ancien Premier ministre de la République démocratique du Congo (RDC).

Augustin Matata Ponyo a été consacré, le 3 février, docteur en sciences économiques après la soutenance de sa thèse qui a recueilli l’avis favorable du jury. L’ex-Premier ministre s’en est tiré avec un nouveau statut, celui de docteur, à qu’il lui revient d’assumer et d’honorer. Aussitôt après la collation de son titre académique, le nouveau lauréat s’est vite retrouvé sur la ligne de mire d’un groupe de professeurs qui a contesté la procédure ayant conduit à l'obtention de son doctorat.    

En première ligne, le Pr Mabi Mulumba qui, dans une lettre signée le 13 février, a présenté sa démission du poste de directeur de l’École doctorale de  la Faculté d’administration des affaires et sciences économiques de l’UPC, en réprobation au titre de docteur attribué à Augustin Matata Ponyo. Et pour cause ? La procédure n’aurait pas été respectée. Primo, a-t-il fait savoir, la durée légale conduisant à l’obtention du diplôme de doctorat est de trois ans minimum et cinq maximum, à compter de la date d’obtention du diplôme de DEA. Or, Matata Ponyo, lui, a obtenu son diplôme de DEA en janvier 2016 et défendu sa thèse en février 2018.

Secundo, le jury Matata comptait trois membres du comité d’encadrement de la thèse au lieu d’un seul, ce qui le met en porte-à-faux avec l’arrêté ministériel portant normes d’opérationnalisation des enseignements du 3e cycle dans les établissements d’enseignement supérieur et universitaire en RDC. Tertio, deux professeurs associés ont été retenus comme membres du jury alors que les dispositions légales ne leur octroie pas ce droit, a fait remarquer le Pr Mabi Mulumba. Préoccupé par la crédibilité de l’UPC, de son école doctorale et des apprenants sortis de son sein, le Pr Mabi Mulumba pense que sa démission pourrait sonner le tocsin de la révolte en vue d’une réelle introspection visant à la sauvegarde des valeurs positives incarnant le développement de cette institution universitaire.

D’autres professeurs, à l’instar de Matthieu Kalele de l’université de Kinshasa, ont soutenu la démission de leur collègue Mabi Mulumba tout en dénonçant la corruption et le trafic d’influence dans le chef des caciques du régime. Il s’est plaint de la légèreté avec laquelle le diplôme de doctorat est attribué ces temps derniers dans les universités où la rigueur scientifique a, depuis longtemps, déserté les lieux. « Les hommes politiques et les officiers militaires, après avoir tué la politique et l’économie du pays, sont en train de tuer l’enseignement (…) Ils profitent de leurs positions dans la politique pour s’octroyer des diplômes de licence et de doctorat. », a-t-il assené.  

Président de la Cour des comptes, Évariste Mabi Mulumba (76 ans) est docteur en administration des affaires de l’université de Liège. Spécialiste de la question monétaire, il est actuellement sénateur. Avant sa démission, il était directeur de l’École doctorale de  la Faculté d’administration des affaires et sciences économiques de l’UPC.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Augustin Matata Ponyo lors de sa collation en tant que docteur en sciences économiques à l'UPC

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