Doing business : le célèbre classement international remis en cause

Jeudi 18 Janvier 2018 - 17:15

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Le 18 janvier, l’Agence Ecofin a repris dans ses colonnes les révélations accablantes de l’économiste en chef de la Banque mondiale (BM), Paul Romer, sur certaines pratiques peu orthodoxes dans le processus d’élaboration du Doing business. Selon lui, des considérations parfois politiques ont motivé le classement de certains des deux cents pays examinés dans cette étude très populaire en Afrique.

Dans la région, le Doing business est une véritable « Bible » pour les décideurs africains qui évaluent et orientent même leurs politiques respectives en fonction de ce classement. Si certains pays comme la Chine en contestent régulièrement la fiabilité, la RDC n’a pas manqué de remettre parfois en question sa position pas très honorable dans le classement général, en dépit des avancées majeures dans l’amélioration du climat des affaires et des investissements. Récemment encore, le Guichet unique de création d’entreprise (Guce), fruit d’une ultime réforme de la facilitation d’entreprendre dans le pays, a annoncé avec faste la possibilité de suivre désormais en ligne l’évolution du processus de création d’une entreprise. D’emblée, cela réduit le nombre de jours pour créer une société à moins de trois jours.

S’exprimant ouvertement au Wall Street Journal, Paul Romer explique que les multiples récents changements de méthodologie du rapport ont été motivés par des considérations politiques. Il a cité le cas du Chili qui aurait été pénalisé volontairement depuis l’arrivée aux affaires de la socialiste Michelle Bachelet, en 2014. Pour lui, ce pays affiche une belle situation macro-économique depuis les années 2010. Cela n’a pas empêché au Doing business de le rétrograder de plus de vingt places pour des raisons inexplicables, renchérit-il. À en croire Paul Romer, le seul critère lié aux délais de paiement des impôts exigés aux entreprises ne pouvait suffire pour faire passer le Chili de la 34e (2014) à la 57e place du classement général.

Il s’agit d’une volonté manifeste de ternir l’image du pays, poursuit-il. Ce dernier n’a pas manqué de présenter ses sincères excuses auprès du Chili et des autres pays qui auraient pu être affectés par ces changements. À cet effet, il affirme remettre en doute foncièrement la fiabilité des quatre dernières éditions. En changeant les règles, les classements ont permis une meilleure prestation de certains pays comme le géant indien. Dans un langage acide, Paul Romer parle des règles taillées sur mesure. Ce que dément sans détour la BM qui rappelle que les indicateurs et la méthodologie sont conçus sans aucun pays à l’esprit. Toutefois, l’institution financière internationale est décidée à mener sa propre enquête sur les indicateurs du Chili.

Les critiques reviennent à chaque numéro publié par la BM. Pour la première fois, la critique vient de l’intérieur, du sommet même pour être plus clair. Rien n’indique pour autant que le rapport perdra de son importance stratégique pour les pays africains, selon de nombreux experts. N’en déplaise à la Chine qui en a exigé la suppression pure et simple. Toutefois, l’occasion sera trop bonne pour relancer le débat sur la nécessité d’accorder un intérêt plus soutenu sur d’autres classements régionaux. Beaucoup de ténors du gouvernement de la RDC ont fait une telle proposition par le passé. Autant dire que leurs propos auront un tout autre écho après ces graves révélations.

Laurent Essolomwa

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