Milan tient son forum social

La ville de Milan tient son troisième Forum des politiques sociales. La capitale économique italienne est un pôle reconnu d’innovations en tous genres et un laboratoire affirmé des idées les plus avant-gardistes. Ainsi, même s’il n’en est qu’à sa troisième édition, le forum en chantier n’est que la dernière d’une série d’initiatives diverses qui tirent leur origine de cette ville, creuset des intégrations au fil des années et aussi point de départ de nombreux Italiens qui ont ensuite brillé à l’extérieur. Sans parler des nombreux cadres, pas seulement africains, formés dans les plus prestigieux établissements de Milan et aujourd’hui aux affaires dans leurs pays.

Pendant une semaine, du 24 janvier au 1^er février, les débats, rencontres, présentations de nouveaux services et inaugurations d’espaces de socialisation vont alterner. Il s’agit, disent les organisateurs, de faire le point de ce qui a été obtenu en trois ans d’une telle démarche dans le domaine des avancées sociales et de voir ce qu’il faut améliorer pour que Milan soit toujours le reflet d’une société en mutation.

Les autorités communales ne sont pas peu fières d’annoncer une longue liste de participants, spécialistes reconnus dans leurs domaines, à commencer par le maire de gauche de la ville, Giuliano Pisapia. Cet avocat militant a transité par les milieux du volontariat. Il y aura aussi la ministre de l’Intégration, Cécile Kyenge ; la vice-ministre du Travail, l’économiste Maria Cecilia Guerra ; le sous-secrétaire aux Politiques agricoles, l’agronome Maurizio Martina, et d’autres figures connues de la politique et de la société civile italiennes.

Ces temps de rencontres se dérouleront en divers endroits emblématiques de la ville de Milan, suivant les thèmes des discussions. Ceux-ci sont nombreux, et requièrent des interventions qui ne se limitent pas à « mouliner » des concepts. De l’enfance aux problèmes liés au troisième âge, en passant par la lutte contre la pauvreté, l’accès des étrangers à la citoyenneté ou encore un urbanisme pensé pour respecter les droits des handicapés, il y aura de tout !

Milan est coutumier de ce genre de workshops, étant la première à expérimenter les formules les plus réussies de la réalité sociale et économique. On rappelle volontiers que c’est à Milan qu’ont commencé à travailler les premiers employés étrangers dans les usines en Italie. C’est là aussi que les étrangers ont commencé à conduire des autobus et taxis, chose inconnue encore aujourd’hui dans une ville comme Rome, la capitale.

La ministre Cécile Kyenge y sera donc à l’aise pour reparler des sujets qui lui tiennent le plus à cœur malgré l’animosité qui ne faiblit pas de la Ligue du Nord, dont Milan et le Nord sont des fiefs. Ce parti xénophobe a pris l’habitude de s’inviter à chacune des sorties de la ministre et de manifester bruyamment pour couvrir sa voix. Nonobstant cela, Cécile Kyenge est parmi les personnalités les plus connues du gouvernement italien, selon un récent sondage. Elle suit de peu sa collègue Emma Bonino (Affaires étrangères) et précède une autre femme ministre, Maria Cecilia Guerra.

Le forum de Milan sera l’occasion de présenter aussi ces étrangers de l’excellence qui émergent dans le monde des affaires, de l’entreprise, du barreau ou des hôpitaux italiens, souvent en silence.

Au-delà des discours, cette semaine donnera à voir ce que l’Italie compte de valeurs sociales sûres sur la voie de « la société de rencontre » que Cécile Kyenge appelle de ses vœux.