Solidarité : la Journée internationale des veuves célébrée le 23 juinLundi 24 Juin 2013 - 13:00 Selon une étude réalisée par les circonscriptions d’action sociale de Brazzaville, environ 47% des veuves ont été chassées cette année de leurs habitations familiales après la disparition de leurs conjoints. C’est pourquoi cette journée internationale doit servir à faire avancer le droit de ces femmes Au Congo, l’événement a donné lieu au message du gouvernement et au focus-groupe relatif aux expériences vécues par les veuves et les orphelins, organisé le 22 juin à l’Institut des jeunes sourds, sur le thème « Veuves et orphelins : la perte de l’époux, la perte du père égale perte du toit ». « L’année 2013 n’est pas terminée mais parmi les veuves identifiées par nos circonscriptions d’action sociale de Brazzaville, 47% ont été chassées du toit familial. Pour quelles raisons ? Beaucoup se réfèrent aux us et coutumes pour justifier leur acte mais ils sont aussi mus par la cupidité, une propension à l’enrichissement au détriment des veuves et de leurs enfants », a indiqué la ministre Émilienne Raoul dans le message du gouvernement. La commémoration de cet événement doit donner l’occasion aux décideurs d’attirer l’attention des concitoyens sur le sort réservé à cette catégorie de personnes qui vivent dans des conditions parfois difficiles. Ainsi la ministre de la Solidarité a invité les familles, les voisins, les chefs de quartiers et les chefs religieux ainsi que les hommes de loi, à davantage de responsabilités. La ministre n’a pas manqué d’exprimer toute sa compassion aux veuves maltraitées et salué leur courage face à l’adversité. Émilienne Raoul a également précisé que « la femme est la gardienne des valeurs ancestrales » qui ne reconnaissent pourtant pas la réputation des veuves ni l’expulsion des orphelins. Selon elle, la famille est en danger, car dans le mariage, la femme demeure étrangère. « Comment comprendre que la société africaine fondée sur la solidarité se mette, aujourd’hui, à détruire ses propres fondements et à développer des comportements déviants. Au lieu du réflexe de protection des mères et des enfants, on assiste à l’anéantissement de tout ce qui donne sens à la vie humaine et à sa dignité », a-t-elle déploré. Le code de la famille congolaise, en dépit de quelques imperfections qui restent encore à corriger, invoque en son article 490, le droit au maintien dans les lieux du conjoint ou de la conjointe. Pour la ministre des Affaires sociales, la loi congolaise protège bien la veuve et l’orphelin, et laisse peu de place à l’équivoque ou aux malentendus. Le problème se pose alors à cause de sa non-application ou de son contournement par des parents se réclamant de la tradition. « Il nous faut donc intensifier des programmes de soutien aux veuves, notamment par la vulgarisation des textes, le renforcement des institutions de persuasion. Car, on ne peut continuer à ignorer les lois de protection des veuves et des orphelins et légitimer des pratiques injustes et contraires à nos traditions », a conclu Émilienne Raoul. Les veuves parfois privées des droits élémentaires Dans le but de renforcer son soutien, le gouvernement a organisé un focus-groupe relatif aux expériences vécues par les veuves et les orphelins. Les échanges présidés par la directrice générale de la solidarité, Anastasie Ossangatsama, contribueront à l’élaboration d’objectifs spécifiques, et à l’obtention des résultats escomptés pour les veuves et les orphelins. Selon Colette Mifoundou, une veuve, le décès d’un époux engendre souvent des conflits familiaux et des pratiques préjudiciables pour la veuve et l’orphelin, les privant de leurs droits élémentaires. La situation des veuves et de leurs enfants, au Congo, est souvent caractérisée, a-t-elle indiqué, par une forte précarité de vie, une quasi-absence de protection sociale tant du point de vue de la sécurité sociale que de la protection juridique. Elle s’explique aussi par une expulsion du domicile familial et une maltraitance physique et morale. « Nous sollicitons du ministère des Affaires sociales la prise en charge psycho-sociale ; la prise en charge financière et sanitaire ; l’appui aux activités génératrices de revenus ; l’application stricte du code de la famille et de la loi portant protection de l’enfant en République du Congo », a demandé Colette Mifoundou. Parfait Wilfried Douniama |