Journée mondiale de l’alimentation : « Dans cette édition, nous mettons l’accent sur la qualité sanitaire des aliments », souligne Dieudonné Koguiyagda

Mardi 15 Octobre 2013 - 13:11

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Cette année, Sibiti, chef-lieu du département de la Lékoumou, abritera les Journées internationales de la femme rurale ainsi que la Journée mondiale de l’alimentation, célébrées respectivement les 15, 16 et 17 octobre de chaque année. L’information a été donnée par le représentant de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) au Congo, Dieudonné Koguiyagda, au cours d’un entretien avec la presse

Les Dépêches de Brazzaville : L’humanité célèbre, le 16 octobre de chaque année, la Journée mondiale de l’alimentation. Pourquoi avoir choisi cette année pour thème « Des systèmes alimentaires durables au service de la sécurité alimentaire et de la nutrition » ?

Dieudonné Koguiyagda : Les thèmes retenus sont définis pour attirer l’attention sur les problèmes du moment. Le thème de cette année touche plusieurs secteurs à la fois, notamment les ministères de l’Agriculture, de la Santé, du Commerce, de la Recherche scientifique et de l’Économie forestière. Quand nous parlons de nutrition, nous devons aller au-delà de l’aspect santé et voir d’abord le caractère préventif. La nutrition est déterminée par un système de production et, là, il faut non seulement voir quels sont les différents acteurs et institutions qui sont impliqués, mais également l’environnement. La qualité de la nutrition est déterminée par un système alimentaire bénéficiant des meilleures conditions. Il s’agit d’un caractère plus préventif que curatif.

LDB : Par rapport à cette journée, quelle est la situation de la malnutrition au Congo ?

D.K. : La malnutrition est une réalité, un problème sur lequel nous devons tous nous pencher parce que le taux de malnutrition ne cesse de croître au Congo. Il est utile que l’on se focalise sur certains départements : dans la Lékoumou, le taux de malnutrition touche 24% des enfants entre 0 et 5 ans. En célébrant cette journée dans ce département, c’est pour nous une opportunité de nous focaliser sur les problèmes spécifiques liés à la malnutrition chronique. Nous devons réagir à travers l’amélioration d’une alimentation qui soit d’abord disponible et de bonne qualité. Très souvent, quand on parle de malnutrition, on voit surtout l’aspect sanitaire, alors que la pauvreté est aussi l’une des causes. Pour le cas du Congo, nous tenons à mettre l’accent sur la qualité sanitaire des aliments. Le niveau de production du Congo nécessite des efforts pour aboutir à une certaine organisation, parce que nous continuons d’être importateurs à près de 90% des produits alimentaires, alors que la qualité, les conditions de distribution et de conservation de ces produits restent douteuses.

LDB : Quelles initiatives la FAO prend-elle pour lutter, à titre préventif, contre la malnutrition, l’obésité et les maladies cardiovasculaires ?

D.K. : La FAO n’est pas la seule à aborder les problèmes intersectoriels. Le caractère intersectoriel ne s’applique pas seulement aux gouvernements, mais également aux systèmes des Nations unies. La solution est commune, car la FAO ne peut pas couvrir toutes les compétences requises. Les agences concernées sont obligées de travailler en synergie, et les ministères en concertation.

LDB : Au Congo, quelles sont les mesures que nous pouvons adapter pour avoir un régime alimentaire sain et équilibré ?

D.K. : Le problème est réel. Ce qui est intéressant, c’est que les autorités prennent conscience de la situation de malnutrition au Congo. Le 8 octobre dernier, plusieurs institutions se sont réunies autour d’un plan d’action de lutte contre la malnutrition. Ce fléau est à l’origine du taux élevé de mortalité infantile et de plusieurs maladies. Ses effets ne se traduisent pas immédiatement. La lutte contre la malnutrition suppose des méthodes d’approche à long terme et de prendre les mesures nécessaires pour exercer une surveillance rapprochée sur les conditions d’importation, de conservation et de stockage des produits. Cette approche réduirait les risques sanitaires. Il faut continuer à réagir dans le sens de la complémentarité, car si l’on voulait résoudre le problème de la malnutrition de manière isolée ou sectorielle, je crains que nous n’aboutissions pas à des résultats probants.

LDB : On enregistre des décès dans le monde causés par la malnutrition chronique. Quelles sont les dispositions que prend la FAO pour lutter contre ce fléau ?

D.K. : Les canaux de communication contribuent à la prise de conscience de la situation de la malnutrition au Congo. Lorsqu’un problème n’est pas connu, il ne peut être résolu. La manière dont le problème est posé devrait inviter les décideurs et les partenaires à y accorder une attention particulière. Je crois que nous sommes sur la bonne voie. La preuve, le Congo vient d’adhérer à l’initiative Scaling up Nutrition (SUN) et a ramené les problèmes nutritionnels dans les préoccupations tant au niveau de la planification que dans la mise en œuvre des activités de terrain.

Josiane Mambou Loukoula

Légendes et crédits photo : 

Dieudonné Koguiyagda (© DR).