Vatican : pour un « printemps d’humanité » en Égypte

Les chiffres officieux font état, à côté des plus de mille morts que rapporte la presse, d’un ensemble de plus de cinquante églises chrétiennes attaquées en Égypte en quelques semaines à peine. Les communautés coptes d’Égypte, catholiques et orthodoxes semblent être devenues les cibles automatiques de la colère islamiste suscitée par la mise à l’écart du président issu de leurs rangs, M. Mohamed Morsi. Divers responsables chrétiens ont jugé de tels actes incompréhensibles, tant les chrétiens se sont gardés de se mêler ouvertement aux manifestations qui ont réclamé et obtenu la déposition de l’islamiste Morsi.

À dire vrai, la situation égyptienne est bien embarrassante à plus d’un titre pour le Vatican. Chrétiens de seconde zone, les chrétiens du pays ont joui d’une relative quiétude sous Hosni Moubarak (son épouse, Suzanne, est chrétienne), mais celui-ci a fait l’objet d’un rejet quasi unanime aboutissant à sa mise à l’écart en février 2011. Les chrétiens, après lui, espéraient beaucoup dans les prémisses démocratiques qui s’annonçaient. Or la victoire de l’islamiste Mohamed Morsi a représenté pour eux une situation encore plus hasardeuse que sous le militaire Moubarak. Les islamistes n’ont jamais caché leur volonté de guider le pays selon les préceptes de l’islam.

Pour le cardinal Leonardo Sandri, préfet (ministre du Vatican) de la Congrégation pour les Églises orientales, il n’y aura aucune issue durable à la profonde crise que traverse actuellement l’Égypte si tous les acteurs sur le terrain ne se convainquent pas que seule la coexistence des communautés et des religions peut garantir un véritable futur de paix. Le cardinal Sandri dit relayer la prière du pape François ainsi que ses trois appels récents à la fin des violences, surtout quand elles touchent les chrétiens d’Égypte de manière indiscriminée.      

Faisant allusion au fameux « Printemps arabe » qui marqua, d’abord par la Tunisie en décembre 2010, un cycle annonciateur de renouveau démocratique dans l’aire musulmane nord-africaine, le haut prélat a invité à un saut de qualité. « J’invite les divers protagonistes à garder vive l’espérance que l’Égypte peut expérimenter un  printemps d’humanité et de liberté fécond, tenant compte des religions, et vivant dans la justice et la solidarité grâce à la contribution responsable de tous ses habitants », a dit le cardinal Sandri. Des pancartes parmi les pro-Morsi proclamaient ces derniers jours : « Mort aux chrétiens ! ».