La Libye au bord de l’embrasement

Mardi 20 Mai 2014 - 13:02

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La situation a dégénéré après le lancement, la semaine dernière, de l’offensive des hommes du général à la retraite Khalifa Haftar contre les militants islamistes dans Benghazi, la deuxième plus grande ville du pays, et dans plusieurs bases de ces groupes radicaux à l’est du pays

En raison des derniers développements de cette offensive qui prend déjà la tournure d’une guerre civile, des diplomates étrangers ont commencé à évacuer Tripoli, la capitale, et Benghazi. Le groupe armé du général Khalifa Haftar utilise des armes sophistiquées, dont des avions et des hélicoptères de combat, pour bombarder ses adversaires au su et au vu de l’armée gouvernementale.

Selon des sources concordantes, la base aérienne de Tobrouk, l’une des plus anciennes du pays, s’est déjà ralliée aux forces de Khalifa Haftar alors que le chef des forces spéciales, Wanis Bukhamada, a annoncé le soutien de ses hommes au général pour pouvoir « lutter ensemble contre le terrorisme ».

Le ralliement des forces spéciales au général Khalifa ne surprend guère puisqu’elles combattent depuis quelque temps les groupes extrémistes opérant en Libye, entraînant la perte de plusieurs de ses éléments et de membres de l’appareil sécuritaire et judiciaire suite aux attaques attribuées aux islamistes. Plusieurs observateurs estiment que le soutien à l’opération de Khalifa Haftar va lui donner une nouvelle légitimité.

Face à l’ampleur de ces événements, la population craint que la situation se dégrade davantage au cas où les islamistes, qui avaient participé au soulèvement de 2011, donneraient une réplique conséquente aux visées de l’opération « Dignité » lancée par les hommes de Khalifa Haftar.

Ne sachant que faire dans ce conflit opposant les éléments du général aux brigades djihadistes, le gouvernement libyen s’est contenté pour l’heure de proposer que le Parlement soit mis en congé jusqu’à l’élection d’un nouveau et d’un nouveau Premier ministre. Quant à Ahmed Meitig, qui a été élu au début du mois de mai, il est toujours contesté dans le pays.

Même si le Parlement n’a pas encore fait savoir qu’il acceptait cette position, ses réunions sont pour l’heure suspendues depuis qu’un groupe armé l’a investi dimanche et a exigé sa dissolution et le transfert de ses pouvoirs à la nouvelle Assemblée constituante. Le même jour, plusieurs députés islamistes ont été faits prisonniers.

En attendant de connaître l’issue que prendra ce conflit, l’armée a déjà annoncé le maintien du gouvernement intérimaire d’un autre Premier ministre, Abdallah al-Theni, et la suspension du Congrès. Si les chefs militaires de l’armée régulière libyenne ont dénié toute participation aux affrontements, un haut commandant de l’armée a néanmoins admis que certains officiers et certaines unités faisaient partie des opérations pour soutenir Khalifa Haftar, qui a assuré que les combats devaient continuer pour éliminer les cibles des islamistes.

La confusion règne en Libye depuis le lancement de l’offensive du général, qui a fait savoir que son opération visait à purger la Libye des « terroristes ». Le gouvernement intérimaire l’assimile à un « coup d’État » : il lui a demandé de faire preuve de maîtrise et de « résister à la tentation » d’aller au plus loin en oubliant de se limiter aux visées connues de ladite opération.

Nestor N'Gampoula