Canonisation des deux papes : Barack Obama rend hommageMardi 29 Avril 2014 - 19:19 Pour le président américain, qui est protestant, l’Église catholique a appelé à la sainteté deux papes qui ont changé le cours du monde On se serait presque attendu à ce que le président américain ne fasse aucune déclaration à propos de la double canonisation opérée par les catholiques au Vatican dimanche dernier ; canonisation de deux papes qu’il n’a d’ailleurs jamais rencontrés. Ou que si, pour des raisons protocolaires, il y était contraint, on croyait sa déclaration cousue de l’étoffe de toutes les déclarations protocolaires, avec des généralités courtoises et des disgressions choisies pour ne froisser personne. C’était sans connaître vraiment l’homme : derrière le président, il y a un croyant ! Car sa déclaration a d’abord fait dans l’érudition historique. Le président Barack Obama a commencé par rappeler que les deux papes devenus saints ne se sont pas contentés de faire les pontifes catholiques : « le pape Jean XXIII a joué l’important rôle de l’Église pour la paix et la justice dans le monde. Et puis, convoquant le concile Vatican II, il a révolutionné non seulement les aspects liés au culte, mais aussi le rapport de l’Église avec les autres communautés de foi. » C’est que celui qui portait le nom de Roncalli avant de devenir pape, déploya effectivement une intense activité diplomatique du temps où il était nonce apostolique en Turquie puis à Paris, en France. Cela n’a donc pas échappé au président américain qui a poursuivi sa déclaration en soulignant que, pour sa part, « le pape Jean-Paul II a contribué à inspirer le mouvement Solidarnosc en Pologne ; un syndicat qui s’est diffusé et qui a contribué à la fin du communisme en Europe de l’Est. Et puis, il a toujours parlé avec force contre l’apartheid en Afrique du Sud et contre le génocide au Rwanda. Il entretenait un rapport spécial avec la jeunesse, rapprochant ainsi beaucoup de jeunes de l’œuvre et des enseignements de l’Église. » Les historiens, en effet, n’ont pas fini de faire l’inventaire de tout l’engagement du premier pape polonais de l’histoire, Jean-Paul II, dans les questions du monde. Il s’en trouve pour le condamner, mais beaucoup sont unanimes à reconnaître que son influence fut grande pour faire se fissurer le bloc soviétique et le marxisme athée. Il court d’ailleurs toutes sortes d’histoires sur sa complicité ouverte ou non avec le président américain de l’époque, Ronald Reagan. Le pape Jean-Paul II, en tout cas, parlait sans interprète à Mikhaïl Gorbatchev, le dernier président de l’Union soviétique… C’est un Barack Obama étonnant qui se découvre dans cette déclaration qu’on dirait spontanée si elle n’avait été écrite, mais qui n’était nullement une contrainte de ses obligations de chef d’État. D’autant que cet hommage semblait sourdre d’une grande simplicité moins formelle. « Michelle (son épouse, Ndlr) et moi-même, nous nous unissons aux catholiques du monde entier pour célébrer la canonisation de ces deux papes », écrit encore le président de la première puissance mondiale. À rappeler que le président américain s’est rendu, seul, au Vatican où il a rencontré le pape François le 27 mars dernier. Une occasion pour les deux hommes de faire assaut d’amabilité, l’un louant l’humilité de l’autre. Le contact entre deux Américains atypiques en somme ! Lucien Mpama |