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Langue maternelle

Lundi 26 Février 2018 - 7:00

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Elle est remarquable cette journée internationale dédiée à la langue maternelle et célébrée le 21 février de chaque année à travers le monde. Elle est essentielle par les initiatives qu'elle accompagne, pour sauvegarder un patrimoine culturel aussi riche que la fierté d’échanger dans la langue de son terroir. Au Congo, notamment, on dénombre près ou plus d’une soixantaine de ces langues. Elles sont, il est vrai, vouées à la disparition si l’on n’y prend garde. En Rd-Congo, tout proche, il y en a au moins deux-cents, elles aussi guettées par le même piège de l’extinction.

A vrai dire, l’espoir existe encore de sauver ces langues du moment qu’elles sont pour certaines encore de bonne santé dans de nombreux villages et les populations qui y habitent constituent le terreau de leur affermissement. Evidemment que la pression de la langue officielle, le français en l’occurrence, pour parler du cas spécifique des deux Congo, est forte. On pourrait ajouter à cet élément la poussée on ne peut plus vive des langues nationales, le lingala et le munukutuba (Kituba ou kikongo) pour le Congo ; le lingala, le swahili, le kikongo, et le tshiluba pour la République démocratique du Congo.

En insistant sur l’importance de la diversité linguistique et du multilinguisme dans le cadre des objectifs du développement durable, l’Unesco attire l’attention de tous sur le fait que des pans entiers de nos cultures disparaissent chaque fois qu'une de nos langues maternelles meurt. On peut se demander, cependant, si cette supplication qui a valeur de mise en garde est entendue, ou si l’organe onusien lui-même a suffisamment de marge de manœuvre pour assurer efficacement la promotion de ces langues.  

Dans de nombreux foyers des principales villes du Congo, à commencer par Brazzaville, la capitale, le système scolaire est un des mécanismes d’absorption des langues maternelles. Nos tout-petits sont en effet reçus dans les classes de la maternelle où ils apprennent à chanter et à s’exprimer dans la langue officielle. Le seul lieu, peut-être, où l’on écoute parler nos dialectes à côté du lingala et du kituba, ce sont les marchés car de manière générale, le personnel féminin qui les animent en use prestement. De Makélékélé à Poto-Poto, de Talangaï à Mfilou, on écoute heureusement des gens échanger dans ces langues de chez nous.

Il reste que les parents eux-mêmes, surtout ceux qui en articulent un traitre mot apprennent à leurs enfants comment dire bonjour en langue maternelle. Les parents qui s’y adonnent eux-mêmes bien sûr car il y en a beaucoup pour qui répéter ou faire répéter une expression à leurs enfants comme on le fait au village est une abomination. En revanche, on les voit tous, sinon la plupart se trémousser au son du tam-tam qui déroule le folklore de leurs ancêtres. Ils font exprès de ne pas valoriser leurs langues maternelles. Sauf à considérer qu'ils ont choisi d'en consumer l'âme et l'esprit par le feu de l'aliénation culturelle, ce qui serait regrettable, les parents ont intérêt à revoir leur perception du lien à leur langue maternelle.

Gankama N'Siah

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