Une larme pour Mandela

Samedi 7 Décembre 2013 - 10:00

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La nouvelle est tombée comme un coup de tonnerre. La terre entière a tremblé à l’annonce de la mort de Nelson Mandela. Le père de la nation arc-en-ciel est mort. Une lumière s’est éteinte

Mandela, tu nous manqueras. Les meilleures larmes que nous pouvons verser pour toi, c’est de continuer ton combat, de garder dans nos cœurs encore impurs cette semence qui continuera à les purifier, de garder allumée cette lampe, ce flambeau qui éclairera pour l’éternité nos vies, nos sociétés africaines encore dominées par les égoïsmes. Car toi, tu n’auras voulu ni les honneurs, ni l’argent ni la puissance humaine que confère indéniablement le pouvoir. Ces idoles éphémères dont parle le pape François 1er n’ont ni altéré ni arrêté la puissance de ton âme porteuse d’espoir et de vie pour les Africains.

Tu nous as donné la meilleure leçon de courage et de pardon. Le courage de tenir ferme devant la barbarie de l’ennemi et devant la souffrance physique à travers ta maladie. Tu n’as pas regardé comme une victoire personnelle cette élection de l’année 1994 qui t’aura amené au pouvoir. Tu incarneras pour toujours le symbole de la lutte contre les inégalités, les injustices. Mais ton pouvoir, tu l’as conquis pour la réalisation d’un idéal : l’existence d’une société multiraciale libre et prospère. Tu as choisi, comme Jésus, de rester simple, de porter la douleur de toute l’Afrique et de lui offrir ton âme.

Le pardon, parce que tu n’as pas regardé ton bourreau d’hier comme un ennemi, mais comme une personne humaine, affaiblie par l’arrogance, aveuglée par l’ignorance. C’est pourquoi, pour le libérer de ces liens infâmes, tu lui as ouvert les yeux à travers cette action de vérité et réconciliation. Oui le pardon, ce mot magique qui est devenu une denrée rare dans l’univers politique. Tu en as fait ton plat préféré, puis que tu as invité tous tes frères à venir à ta table se servir sans rien payer. Parce que tu avais déjà payé le prix par ton courage, par ta souffrance vingt-sept ans durant à Robben Island.

Mais aussi par ce que tu as réalisé mieux que quiconque que le pardon est un processus. Un processus qui commence par la reconnaissance de notre faiblesse en tant que créature de Dieu et de l’autre, le voisin à la fois différent et semblable, mais ô combien nécessaire à notre survie. Mais comment pouvait-on pardonner sans se parler ? C’est pourquoi tu as voulu le dialogue direct avec l’ennemi d’hier, tu as organisé la Commission Vérité et Réconciliation. Pas pour condamner, mais pour rétablir le dialogue, pour exorciser les cœurs souillés et panser les blessures.

En prenant dans ta main celle de ton frère Frederik de Klerk en 1995 pour recevoir ensemble le prix Nobel de la paix, tu es entré dans la légende de l’humilité et de l’amour. Tu as donné un exemple qui sera suivi par tous à travers le monde. Comment pouvons-nous pleurer ? On ne pleure pas les grandes âmes, on médite et on s’en inspire.

Tu es cette lampe allumée pour l’éternité. Ta lumière continuera à éclairer les sentiers encore obscurs de notre marche vers l’émergence d’une Afrique unie, libre et prospère. Tu nous a appris que ni les honneurs, ni l’argent ni le pouvoir n’avaient de valeur devant le pardon.

Adieu, Madiba !

Emmanuel Mbengué