Les Dépêches de Brazzaville



Zimbabwe : le peuple redoute le retour Robert Mugabe en politique


Après sa démission de la Zanu-PF, l’ancien général avait créé discrètement dans la foulée de la chute de Robert Mugabe le 21 novembre, une nouvelle formation politique dénommée Front national patriotique (NFP). Et en annonçant la démission d’Ambrose Mutinhiri, son parti a placé la photo des deux hommes en haut du communiqué de presse, ce qui a fait l’effet d’une bombe au sein de la Zanu-PF, que Robert Mugabe dirigeait encore jusqu’à mi-novembre.

Réagissant à ce retour inopiné de Robert Mugabe en politique, la Ligue des jeunes de la Zanu-PF organise des marches de protestation à Harare au cours desquelles elle scande « A bas Mugabe ». Le nouveau chef de l’Etat, Emmerson Mnangagwa, actuel patron de la Zanu-PF et candidat à la présidentielle a également réagi, reconnaissant qu’il y avait « un problème avec l’ancien président ». « On voit, dans les médias, différentes conjectures sur les activités de Robert Mugabe, nous ne savons pas si cela relève de la réalité ou pas, mais c’est un sujet sur lequel nous nous penchons », a-t-il fait savoir.

Certains analystes estiment que la photo des deux hommes conforte l’idée que la famille Mugabe est bien derrière le projet du NFP de présenter un candidat à la présidentielle contre la Zanu-PF. De plus, depuis la démission, début mars, d’Ambrose Mutinhiri de la Zanu-PF et l’annonce de sa candidature à la présidentielle, de profondes divisions sont déjà perceptibles au sein du parti au pouvoir et l’on redoute mêmes des tentatives destinées à obtenir le soutien de la très influente armée.

Commentant le climat qui prévaut actuellement dans le pays, Brian Korogo, l’un des analystes de la situation au Zimbabwe, a dit qu’Emmerson Mnangagwa « a toutes les raisons d’être mal à l’aise ». C’est la panique en coulisses, en particulier à la Zanu-PF ». « La Zanu-PF doit maintenant gérer l’incertitude de savoir qui est de son côté et qui ne l’est pas (…). Il y a une lutte pour obtenir la légitimité parmi les plus hauts responsables militaires à la retraite. », a-t-il souligné.

Rappelons que c’est sous la pression des militaires, de la rue et de son propre parti, la Zanu-PF, que Robert Mugabe avait dû renoncer au pouvoir le 21 novembre, après trente-sept ans, à la tête du pays.

 


Nestor N'Gampoula