UDPS : Étienne Tshisekedi attendu aux États-Unis
Au-delà du protocolaire, d’aucuns s’interrogent sur le sens de ce périple euro-américain d’Étienne Tshisekedi invité « à titre personnel » par le Congrès américain. D’après certains analystes, l’enjeu principal de ce déplacement tiendrait de la volonté des Occidentaux à convaincre l’ex-challenger de Joseph Kabila à la présidentielle de 2011, à renoncer à reconsidérer sa position de « président élu » pour rentrer dans le processus électoral. L’on rappelle à cet effet la visite effectuée en RDC en octobre 2011 par Bill Richardson, l’envoyé spécial de l’ancien président américain Bill Clinton, qui chercherait désormais comment gérer la « carte Tshisekedi » sans trop de casses. D’autres analystes tentent d’établir un lien entre l’exigence de renonciation par Étienne Tshisekedi de ses revendications électoralistes et la fixation que fait l’envoyé spécial de Barack Obama dans la région des Grands lacs, Russ Feingold, sur l’échéance 2016 qu’il voudrait voir être respectée. En prévision du sommet USA-Afrique, l’officiel américain a, par ailleurs, martelé sur l’obligation faite aux dirigeants africains de respecter les Constitutions de leurs pays respectifs et de ne pas aller au-delà des mandats leur accordés via des retouches récurrentes des textes fondamentaux. En s’inscrivant sur le schéma de l’alternance démocratique, l’administration américaine a certainement une idée derrière la tête en ce qui concerne l’actuel quinquennat de Joseph Kabila qui s’achève en 2016, se convainquent bien d’observateurs. En militant pour qu’Étienne Tshisekedi rentre dans le processus électoral, il y a bien anguille sous roche. À l’étape de Paris, il est clair que le « Sphix de Limete » aura également maille à partir avec les membres de l’UDPS/France qui restent eux aussi gagnés à l’idée de le contraindre à renoncer à ses revendications actuelles, étant entendu que la réalité et l’effectivité du pouvoir sont aujourd’hui incarnées par Joseph Kabila. D’où l’intérêt de se projeter déjà sur 2016. Encore que pour Étienne Tshisekedi qui n’a plus les ressources physiques nécessaires pour prétendre à ce nouveau challenge, rien n’est encore moins sûr. Il pourra toujours surprendre comme à ses habitudes. À tout bien considérer, ce rebondissement presqu’inattendu d’Étienne Tshisekedi sur le plan diplomatique est loin d’être un fait du hasard. Signe de mauvais augure pour le pouvoir kabisliste ? Difficile de répondre à cette interrogation, surtout lorsqu’on sait que dans la foulée de la présidentielle de 2011, le même Étienne Tshisekedi avait effectué un voyage en Occident où il avait reçu toutes les assurances quant à la tenue transparente des élections. Au finish, toutes les promesses faites n’ont pas été respectées et l’impérium tant rêvé avait choisi son camp. D’aucuns prédisent le même scenario pour ce nouveau déplacement du leader de l’UDPS en France et aux USA. De la carrure et du poids politique des personnalités franco-américaines qu’aura à rencontrer le leader de l’UDPS dépendra certainement le succès de ce périple.
Alain Diasso Légendes et crédits photo :Étienne Tshisekedi |