Les Dépêches de Brazzaville



Secteur bancaire et financier : des faillites à répétition et une enquête controversée


Un avis public vient d'être publié à l'intention de tous les clients épargnants en provenance d’I-Finance. Ils ont été invités « de se présenter sans tarder auprès des agences Finca pour des formalités d’usage ». C’est le fruit d’un protocole d’accord intervenu récemment entre ces deux institutions qui évoluent dans le secteur de la micro-finance. Concrètement, cette entente vise à rassurer les clients épargnants visiblement désemparés. En effet, beaucoup parmi eux gardent en mémoire la faillite de la Mutuelle d’épargne et de crédit du Congo (Mercreco), la première institution de micro-finance opérant dans l’est de la RDC. Finca s’est engagé à les faire profiter de son réseau de 21 agences et plus de 1 200 points Finca express sur l’étendue du territoire national. Par ailleurs, cette institution aligne 14 ans d’expérience en RDC et plus de 30 ans dans 21 pays à travers le monde.

Malaise

La crise économique a fini par affecter le secteur financier. Plusieurs rapports attestent d’une situation inconfortable pour les institutions financières du pays. Des experts ont appelé à la mise sur pied d'un mécanisme plus sécurisant de protection des dépôts bancaires. Entre-temps, le même secteur financier fait actuellement l’objet d'un regain d’attention de la part des autorités congolaises compétentes. Le conseiller spécial anti-corruption du chef de l’État a écrit à l’Association congolaise des banques (ACB) pour déplorer des opérations de blanchiment d’argent estimées à des milliards de dollars américains USD.

Luzolo Bambi a accusé cette association de s’opposer aux enquêtes poussées de ses services, en violation de l’exécution d’une ordonnance présidentielle. Selon le Conseiller spécial, les banques se rebellent en opposant des notes circulaires du procureur général de la République avec une interprétation biaisée. Pour Luzolo Bambi, aucune disposition de la Loi portant lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme n’entre pas en contradiction avec celles de la loi relative à l’activité et au contrôle des établissements de crédit, encore moins celles de l’ordonnance organisant les services du conseiller spécial anti-corruption dans le domaine bancaire. Les investigations vont bel et bien se poursuivre, a-t-il promis. Ce dernier a invité une ultime fois l’ACB "à lire utilement les instruments juridiques pour ne plus induire en erreur les banques". Et d’un ton ferme, il a insisté sur le fait que le président de l’ACB, Yves Cuypers, est maintenant prévenu. Pour Luzolo Bambi, ces enquêtes ne peuvent aboutir sans la collaboration des banques concernées.  On a appris qu’au moins 10 banques sont soupçonnées de fraude et de manque d’intégrité dont la BCDC, la BOA, la Biac, la FBN Bank, la Sofi Bank et l’Eco Bank. Nous y reviendrons.


Laurent Essolomwa