Réformes au Vatican : le pape prend les fidèles à témoin

C’est sur un ton auquel les fidèles sont peu habitués de la part d’un Souverain pontife que le pape François s’est adressé aux pèlerins rassemblés Place Saint-Pierre dimanche. Alors que d’ordinaire, il ne commente pas l’actualité, surtout celle du Vatican, cette fois le chef de l’Eglise catholique s’en est clairement pris à ceux qui, dans son entourage, tentent de saper le travail de réforme qu’il mène depuis près de trois ans. Or la semaine dernière a été marquée par la parution de deux livres sur les dessous supposés des finances du Vatican.

Tout ou partie de ces deux ouvrages a été bâti sur la base d’informations demandées par le pape en personne et sur lesquelles il réfléchissait sur la suite à leur donner. Mais voilà que deux membres d’une commission mise en place par le Saint Père sur ces questions ont livré ces informations aux journalistes et à la presse, un acte de trahison pour le Souverain qui avait constitué cette instance sur la base de la confiance. « Un acte déplorable », a dit le pape presqu’en colère. « Faire publier ces documents a été une erreur. C'est un acte déplorable qui n'aide pas », a-t-il dit.

Surtout, le pape François semble avoir mesuré l’intention malveillante qui se joue dans cette publication, mais aussi peut-être ses commanditaires ultimes : ceux qui tentent de le freiner des quatre fers pour qu’il ne bouscule pas trop les habitudes établies à la curie romaine. D’où sa détermination imperturbable et décuplée de continuer, disant « ne pas se laisser perturber et aller de l'avant avec confiance et espérance » avec ses collaborateurs et, surtout, avec des fidèles pris à témoin. Son discours, qui n’était ni magistral ni doctrinal, s’est transformé en plébiscite d’une politique papale par la foule qui a acclamé à tout rompre.