Portrait : Désiré Kinzenguélé, de l’argentique au numérique ou l’expérience d’un grand artiste au service de la photo
C’est en 1976, alors qu’il est en classe de cinquième, que Désiré Loutsono dit Kinzenguélé débute avec la photographie. Au cours de cette année scolaire, il décroche la première place à l’issue de la composition de passage en classe supérieure. Comme récompense, son frère lui offre un appareil photo de marque Compact 110. Ainsi son aventure commence-t-elle.
Grace à cette offre de son frère, sa passion pour la photo se développe davantage lorsqu’il se met aux côtés de son oncle Édouard Biantouma, un ancien laborantin du studio de photographie de l’Institut national de recherche et d’actions pédagogiques (Inrap) de Brazzaville.
De fil en aiguille, Kinzenguélé émerveille par la qualité de ses photos. Il est présent avec son appareil dans son quartier de Moukondo qui l’a vu grandir comme un poisson dans l’eau. Il l’est également dans ses établissements de Matsoua à Moungali, dans le quatrième arrondissement, où il a fait son collège, puis au lycée Drapeau rouge actuel Joseph-Chaminade à Poto-Poto, dans le troisième arrondissement, où il obtint son baccalauréat série D, en 1985. Quand bien même à cette époque, les photographes envoyaient les pellicules en France chez Tricar, par poste, attendant que le facteur leur dépose des photos à domicile, quelques jours après. L’art finit par prendre le dessus Après son admission au baccalauréat, Désiré Loutsono s’inscrit à la faculté des sciences économiques de l’université Marien-Ngouabi de Brazzaville. Cependant, l’amour de la photographie devient de plus en plus célèbre et acquiert la notoriété dans ce domaine. C’est ainsi que l’art qu’il admire tant prime sur les études universitaires. Il ne peut plus se concentrer sur ses études et abandonne son cursus universitaire en deuxième année pour se consacrer intensément à la photo. « Dans ma jeunesse, la photographie n’occupait pourtant pas une place de choix. Je voudrais être conducteur de trains au Chemin de fer Congo océan ou douanier, mais j’ai fini par être photographe. C’est mon destin alors car j’ai construit ma vie grâce à la photo. Je nourris saujourd’hui le rêve de perfectionner mon art, notamment dans le cinéma où je souhaite devenir directeur de la photo », déclare-t-il.
Désiré Kinzenguélé sur tous les fronts Le travail de Désiré Kinzenguélé a fait l’objet d’expositions à Brazzaville et à Pointe-Noire. Depuis 2003, il expose à l'Institut français du Congo (IFC) de Brazzaville et de Pointe Noire, à Bamako, au Sénégal, au Cameroun, au Mexique, en France, aux États-Unis d’Amérique, en ex-URSS, en Espagne, en Normandie. Il a participé à différents stages successifs de formation et de perfectionnement organisés par David Damoison, Hector Médiavilla Sabaté, Elina Moriya, Bruno Boudjelal, Philippe Guionie, Thomas Granosky, financés par l’Union européenne et l’Afaa. Il a exposé aux Rencontres de la photographie africaine en 2005 grace aux workshops organisés par David Damoison. Le photographe a suivi également un stage au laboratoire « Noir et Blanc » de l’Inrap avec Édouard Biantouma. Cette année, il sera en résidence à Malte. Désiré expose sur les figures de la rumba congolaise Photographe expérimenté, Désiré Kinzenguélé a exposé, le 21 juin 2014, à l’IFC de Brazzaville, à l’occasion de la célébration de la Journée internationale de la musique, sur trente figures qui ont marqué et continuent à marquer l’histoire de la rumba congolaise. Il a voulu, par ce geste, leur rendre un vibrant hommage ; entendu aussi que courant cette même année, le patrimoine musical national a permis à Brazzaville d’être auréolée « ville créative de musique par l’Unesco ». Chevalier dans l’ordre du mérite congolais en 2016, Désiré Loutsono est détenteur également du Prix d’excellence des arts et des lettres en 2014. Au regard de ce palmarès, Désiré Kinzenguélé est, à n’en point douter, le fleuron de la photo en République du Congo. Bruno Okokana Légendes et crédits photo :Photos 1&2 : Désiré Loutsono dit Kinzenguélé |