Les Dépêches de Brazzaville



L’Italie unanime salue la mémoire de Carlo Azeglio Ciampi


C’est à l’âge de 95 ans que Carlo Azeglio Ciampi, 10è président de la république d’Italie, s’éteint dans un pays où gauche et droite sont de nouveau à couteaux tirés autour d’une constitution qu’il sut défendre bec et ongles. Carlo Azeglio Ciampi, plutôt situé au centre, a eu du mal à tenir la bride sur Silvio Berlusconi du temps où le magnat des médias était aussi Premier ministre d’Italie et cible de nombreux procès dont il tentait de se sortir. Carlo Azeglio Ciampi tint ferme contre Berlusconi.

Premier à réagir alors qu’il est plongé dans une dure campagne pour le référendum sur les réformes constitutionnelles, le Premier ministre, Matteo Renzi, a exprimé sa «pensée reconnaissante à l'homme des institutions qui a servi l'Italie avec passion ». De son côté, le ministre des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, a salué « un grand homme d’Etat italien ». Même le parti de Silvio Berlusconi, Forza Italia ou ce qu’il en reste, a reconnu la rectitude du défunt. Ciampi répétait : « la Constitution a été et restera ma Bible civile, le texte sur lequel j’ai réfléchi à tout instant de ma vie ».

Dans un message à la veuve, le pape François a lui aussi évoqué la mémoire d’un des rares présidents italiens avec qui le Vatican n’a pas eu d’accroc ni de divergences de fond. Son amitié avec le défunt pape Jean-Paul II était notoirement connue ; le pape François l’a rappelé dans son message. Né le 9 décembre 1920 à Livourne, port de Toscane, Carlo Azeglio Ciampi fit ses études chez les jésuites avant d’entamer une carrière de banquier et de grand commis de l’Etat, donnant à ses voyages internationaux (Inde, Turquie, Chine) le caractère prioritaire d’une mission.

Carlo Azeglio Ciampi a été le principal artisan de l'entrée de l'Italie dans la monnaie unique européenne, l'euro. Unanimement respecté, il était entré en politique très tard, à l'âge de 72 ans, en prenant la tête d'un gouvernement de transition, en avril 1993. C’était au lendemain de la tempête politique et judiciaire provoquée par les enquêtes anti-corruption "Mani Pulite" (Mains Propres). La justice, sous les coups de boutoir d’Antonio di Pietro, un avocat impétueux, décida de débarrasser le pays de ses leaders les plus décriés, et de tailler le cordon ombilical avec les cercles mafieux. Une des figures de cette phase de la vie du pays fut le socialiste, Bettino Craxi, contraint de fuir en exil, en Tunisie, où il mourut en janvier 2000.


Lucien Mpama