Les Dépêches de Brazzaville



Le pape « crée » 17 nouveaux cardinaux, Mgr Nzapalainga en vedette


C’est au cours d’une somptueuse cérémonie, le consistoire dans la Basilique Saint-Pierre de Rome, que le pape François a consacré 17 nouveaux cardinaux samedi. Ceux qu’on appelle les « princes de l’Eglise » viennent renforcer une structure, le collège des cardinaux, appelé à élire un nouveau pape en cas de conclave. C’est pourquoi, une lecture « politique » a été tout de suite faite sur le nombre et la provenance des nouveaux cardinaux, le Saint-Père voulant visiblement équilibrer le poids des Nations du sud de la planète – « la périphérie », selon son mot -  au sein des instances décisionnelles de l’Eglise catholique.

« Nous provenons de pays lointains, nous avons des coutumes, des couleurs de peau, des langues et des conditions sociales différents; nous pensons de manière différente et nous célébrons aussi la foi par des rites différents. Et rien de tout cela ne nous rend ennemis! », a d’emblée souligné le Saint-Père au cours de cette cérémonie haute en couleurs. « Nous voyons comment rapidement celui qui est à côté de nous non seulement possède le statut d'inconnu, d'immigré ou de réfugié, mais encore devient une menace, acquiert le statut d'ennemi », a dit le pape, constant dans son idée de toujours sur une Eglise où personne ne doit se sentir étranger.

Les 17 nouveaux cardinaux proviennent des cinq continents : l’Afrique en compte trois nouveaux. Il s’agit du cardinal mauricien, Maurice Piat ; de celui du Lesotho, Sebastian Koto Khoarai, le seul d’ailleurs à ne pas être venu à Rome en raison de son grand âge (87 ans). Il s’agit également – et peut-être surtout – de l’archevêque de Bangui, en Centrafrique, Mgr Dieudonné Nzapalainga. A 49 ans, il est le plus jeune des nouveaux cardinaux. Mgr Nzapalainga a marqué le pape depuis que, durant la crise centrafricaine, le prélat n’a épargné aucun effort pour prêcher paix et réconciliation parmi ses compatriotes.

Cet engagement résolu, il l’a assumé avec les autres grands dirigeants religieux d’une « Plateforme interreligieuse de Centrafrique » : le chef de l’Eglise protestante locale et l’imam de la grande mosquée de Bangui. A trois, ils ont sillonné le monde jusqu’à l’ONU pour appeler à la rescousse devant le risque de naufrage de leur pays, déchiré par des affrontements où musulmans et chrétiens se rangeaient derrière leur bannière respective pour mieux s’étriper. En novembre dernier, lors de son tout-premier voyage en Afrique le pape a tenu à faire escale à Bangui ; à aller saluer les protestants et les musulmans pour encourager cette volonté de dialogue interreligieux concret.

C’est d’ailleurs, en compgnie de divers responsables religieux de Centrafrique, que le cardinal Nzapalainga a reçu des mains du pape samedi les insignes de sa nouvelle promotion. Et ce lundi, au siège de la Communauté catholique Saint Egidio, la Plateforme interreligieuse  de Centrafrique, tient son assemblée. Relancer le dialogue parmi les Centrafricains et continuer à servir de modèle pour la coexistence pacifique des religions : tels sont quelques-uns des objectifs affichés par cette réunion. Le président de la République, M. Faustin-Archange Touadera a, lui aussi, fait le déplacement de Rome pour signifier l’importance de tous ces événements.


Lucien Mpama