Fawzia Zouari : Lauréate du Prix des cinq continents 2016
Fawzia Zouari (FZ) : Je ne peux me mettre à la place du jury ni du lecteur d’une façon générale, pour définir ce qui a valu à ce livre le succès qu’il a remporté. Il est dû, peut-être, au contenu qui aborde le sujet tabou de la mère et du corps dans nos sociétés arabo-musulmanes ou, tout simplement, à la langue qui a porté ce thème… LDB : Certes le thème puise dans les souvenirs de votre cellule familiale. Est-ce une manière absolue de briser les interdits et d’ouvrir d’autres voies au féminisme à travers le maniement des idées ? FZ : Quand je recours à la forme romanesque, je ne suis pas forcément dans le militantisme. Loin de là. Mais si, à travers la littérature, le récit rencontre l’idée et s’il se trouve que la narration plaide pour la cause des femmes, c’est tant mieux. Je reste même persuadée qu’il n’y pas de meilleure moyen que la fiction pour briser les interdits et donner naissance à « l’individu » dans nos sociétés. LDB : Les lauréats de cette année, que ce soit le Prix Goncourt, le Renaudot ou celui des Cinq Continents, sont toutes des femmes. Comment expliquez-vous le réel engouement de la littérature francophone pour des écrivaines ? FZ : Il y a, en ce moment, une réelle émergence des femmes issues du monde arabo-musulman et du Maghreb sur la scène de la littérature et de l’essai. C’est une vraie « saison des femmes » dont la production littéraire intense vient rompre avec des siècles de silence. Et qui interroge son monde, l’appelle à plus de raison, d’autocritique et d’ouverture à l’Autre. Propos recueillis par Marie Alfred Ngoma Légendes et crédits photo :Photo : Fawzia Zouari, lauréate 2016 Prix des cinq continents |