Les Dépêches de Brazzaville



Évocation : « un sursaut d’orgueil et de l’amour pour sortir le Congo de l’ornière »


Le 30 juin 2015, à l'occasion du 55ème anniversaire de l'accession du Congo à la souveraineté nationale et internationale, les propos du défunt patriarche Bomboko, l'un des signataires de l'Acte de l'indépendance et le premier universitaire à avoir occupé le poste le plus élevé dans la hiérarchie au sein du gouvernement Lumumba, gardent encore  leur intérêt dans un Congo qui reste en proie à ses vieux démons de la division. "Les Congolais ne s'entendent pas, ils ont perdu l'essence même de leur cause. Nous vivons dans les antivaleurs".    

Une année après sa mort, cet acteur de l’histoire qui repose pour l’éternité au cimetière de la Gombe reste une référence dans la vie politique congolaise. Selon lui, l’indépendance était d’abord un rêve. Certainement  un rêve brisé au regard du parcours chaotique du pays.

Mais quel était ce rêve ? Le Congo, a-t-il insisté, est le centre de l’Afrique. "Il fallait faire du pays une grande nation prospère qui pouvait servir d’exemple aux autres nations". Si hier le nombre insignifiant d’universitaires constituait une véritable contrainte à la réalisation de ce rêve, aujourd’hui d’autres défis non moins importants s’imposent pour rattraper le temps perdu. « Il faut que notre pays puisse avoir le culte des valeurs. Le fait de voler ne doit pas être encouragé, il faut le condamner. De même pour l’irrespect des biens sociaux ou publics ».

Si le patriarche décédé n’a pas parlé d’une seconde indépendance pour le Congo, par contre il a appelé clairement à l’élevation d’une nouvelle race de Congolais. En effet, ces défis futurs ne pourront être relevés que par des jeunes épris de justice et prêts à privilégier les intérêts de l’Etat à leurs intérêts personnels. « Cette jeunesse ne doit pas suivre les ainés dans leurs errements, mais essayer plutôt de cultiver l’amour ».

Mais il y a un risque réel que le pays ne s'égare si rien n'est fait pour corriger les erreurs du passé. S'il n'y a pas de changement de mentalité, nous allons tout perdre". Sans doute beaucoup de jeunes n'ont pas connu les pionniers de l'indépendance. Très peu connaissent le sens de leur combat, et le courage dont ils ont fait preuve pour arracher la liberté sans avoir été vraiment préparé à prendre la relève. C'est justement cet héritage qu'il faut plus que jamais fructifier.   


Laurent Essolomwa

Légendes et crédits photo : 

Photos 1 et 2 : les gouvernements Lumumba et Matata, 55 ans après