Diversification de l’économie : le secteur privé, moteur de la croissance ?Un pré-diagnostic a été réalisé sous forme de revue à mi-parcours avec l’apport de la Banque mondiale et, surtout, le projet d’appui à la diversification de l’économie afin de faire des projections. Ce travail, présenté devant les acteurs du secteur privé, portait sur « les perspectives de développement du secteur privé congolais : revue stratégique et tactique ». Cette étude vient en complément de premiers travaux qui relevaient tous, de manière très claire, les paradoxes existant en République du Congo, et notamment l’absence, au niveau du secteur privé congolais, d’un point focal consensuel. « Faux ! », rétorquent les représentants de ce secteur, car, selon eux, il existe des textes réglementaires qui définissent ce point focal. L’argument s’appuie sur la chambre de commerce, d’industrie, d’agriculture et des métiers et sur les syndicats patronaux qui l’entourent. Le rapport indique que les structures patronales existantes sont peu visibles, souvent ignorées ; elles existent sous la forme de mutuelle au lieu de constituer une synergie au service du pays. Selon ces mêmes structures, cette analyse n’est pas réaliste. « Je ne suis pas d’accord avec ce qui a été dit. Les syndicats patronaux sont connus et ont des appellations. Ils ne fonctionnent pas en mode d’ignorance mutuelle. Il y a de la synergie, an niveau du secteur privé, apportée par les syndicats patronaux, parce que nous le vivons au quotidien », a précisé le président de la chambre de commerce, Paul Obambi. Le rapport, qui fait l’historique du secteur privé, rappelle aussi que le Congo est une économie en transition qui fonctionne hors secteur privé. Un argument balayé par les acteurs du secteur privé pour qui le secteur privé au Congo apporte l’essentiel des valeurs à l’économie congolaise. Ils ont même soutenu et démontré que le secteur privé était présent dans le pétrole, le bois, l’industrie, etc. L’étude des experts a démontré que, dans un pays qui aspire à l’émergence, il n’est pas concevable que la gouvernance parte du haut vers le bas. L’analyse est partagée dans la mesure, mais force est de constater qu’au Congo, la décision est prise au sommet pour être appliquée à la base. « Dans le business ou les synergies économiques, ça ne se passe pas comme cela. On part toujours du bas vers le haut. Le haut régule en ayant un regard vers le bas. Nous avons partagé cette approche qui a été bien développée par les experts. Je pense qu’ensemble nous allons aboutir à une bonne conclusion », a souligné le président de la chambre de commerce de Brazzaville. Un autre volet du rapport souligne que l’État congolais a décidé d’investir massivement dans les infrastructures sans un véritable accompagnement même si, grâce à la municipalisation, les infrastructures ont été améliorées. Reste cependant au secteur privé de s’approprier ces investissements pour les rendre rentables et pérennes. Des exemples ont été pris pour favoriser des partenariats entre l’État et le secteur privé, surtout dans le domaine de l’entretien. Le même secteur privé a été encouragé à accompagner l’État dans la construction des ouvrages. L’une des solutions préconisées par les experts, dans le cadre du financement, concerne les fonds souverains. « Nous sommes d’accord sur ce point : il suffit de voir l’origine des fonds, comment ces fonds seront gérés car plusieurs d’entre eux ont été créés, mais l’argent a été dilapidé par les fonctionnaires chargés de le gérer et non par le secteur privé. Nous allons analyser cette proposition avec le gouvernement et les différents experts », a souhaité Paul Obambi. Nancy France Loutoumba |