Les Dépêches de Brazzaville



Diplomatie : M. et Mme Matteo Renzi en dîner chez le couple Obama


A la Maison Blanche mardi soir, on a mis les petits plats dans les grands, pavoisée la salle officiel des dîners aux couleurs de l’Italie, alors que même le menu a été composé par un grand chef d’origine italienne. Ce cérémonial rare des grands jours a été organisé en l’honneur du couple du Premier ministre italien, un homme pour lequel Barak Obama a dit toute l’estime qu' il porte en lui. Le couple Michelle et Barak Obama a, en effet, accueilli dans le faste et la plus grande des cordialités Agnese-Landini et Matteo Renzi pour un dîner de rare prestige.

Ils ne sont pas nombreux dans le monde, les personnalités qui peuvent se vanter d’avoir partagé avec le président américain un de ses derniers repas officiels à la Maison Blanche. Dans trois semaines, le 8 novembre, la présidence américaine va changer de main, Barak Obama arrivant à la fin de son deuxième et dernier mandat présidentiel. Dans trois semaines, le monde saura si le (la ?) prochain(e) locataire de la Maison Blanche sera la démocrate Hillary Clinton appuyée par le démocrate Obama ou bien Donald Trump, le républicain.

Premier président noir de l’histoire des Etats-Unis, quitte la Maison Blanche auréolé de succès en politique économique et intérieure, mais aussi de quelques flops retentissants en extérieur. Prix Nobel de la paix 2009, tout le monde s’accorde à dire que le président américain n’a pas vraiment réussi dans ce domaine. Le Moyen-Orient est toujours une véritable poudrière à laquelle, en dehors du nœud de fixation que constitue le conflit israélo-arabe, sont venus s’ajouter d’autres dossiers brûlants comme l’Irak, qui a vu l’émergence de l’Etat Islamique après le retrait de l’armée américaine en 2011.

A cela s' ajoute aussi la guerre en Syrie, alors que les relations avec la Russie n’ont jamais été, même à cause du dossier, aussi près du clash retentissant depuis la fin de la guerre froide en 1989. Sur tous ces sujets pourtant, l’Italie, s’est généralement montrée proche de la vision américaine, encourageant les tentatives de règlement des crises sur la scène internationale. En Libye, les forces américaines donnent discrètement un coup de main aux « experts » italiens et français tout aussi discrets pour extirper l’Etat islamique qui y a établi ses nouvelles bases. L’Italie est, par ailleurs, affectée à la protection du barrage géant de Mossoul, en Irak, alors que les forces américaines se sont jointes lundi à une coalition disparate pour la reprise de cette deuxième ville pétrolière de l’Irak aux mains des djihadistes.

Pour toutes ces raisons, Barak Obama a pu estimer dans les colonnes du quotidien italien de centre-gauche La Repubblica, « que la vision et les réformes ambitieuses que le Premier ministre Renzi est en train de mener sont importantes » en intérieur, l’Italie étant jugée une « alliée d’importance », « une partenaire essentielle de notre coalition » en Libye comme en Irak. Le président américain a dit apprécier l’identité de vues avec le Premier ministre italien en matière économique. De tout temps, Matteo Renzi ferraille au sein de l’Union européenne contre les politiques d’austérité notamment prônées par l’Allemagne.

Le président américain partage la démarche de l’exécutif italien. « Je crois que les mesures d'austérité ont contribué au ralentissement de la croissance en Europe… Nous avons assisté à des années de stagnation qui ont alimenté les frustrations économiques et les peurs que nous voyons sur tout le continent, surtout chez les jeunes qui ont le plus de probabilité à rester sans emploi », a dit M. Obama. Du petit lait pour le Premier ministre italien sur lequel ses opposants sautaient à bras raccourcis mardi en dénonçant une ingérence américaine inacceptable dans les affaires italiennes.

La critique qui n’a pas infléchi les marques de cordialité entre les deux hauts responsables. Le président Obama a reçu en audience M. Matteo Renzi dans la matinée à la Maison Blanche avant le dîner. La presse italienne a souligné que ces marques appuyées étaient une manière de soutien des Etats-Unis, quelques semaines avant un référendum constitutionnel pour lequel Matteo Renzi avait d’abord déclaré – avant de nuancer son propos ensuite – que si le « non » l’emportait, il « rentrait à la maison ».

Tout est-il que Matteo Renzi et Barak Obama, c’est ami-ami. Ce mercredi, le président du conseil italien devait visiter un musée de grande portée symbolique : c’est le musée (le seul au monde) de l’histoire des Noirs américains. Il avait été inauguré le 24 septembre dernier par le président Barak Obama à Washington, sans doute dans la volonté de ne pas s’en aller du pouvoir actif sans avoir marqué de son empreinte de Noir, l’histoire de ses millions de ses frères et sœurs déportés en Amérique pendant des siècles, à partir de leur terre africaine.


Lucien Mpama