Bertrand Cochery : « Je résume la priorité de mon mandat en trois mots : amitié, stabilité et développement »Les Dépêches de Brazzaville : Vous venez de visiter la Galerie Congo, quelles sont vos impressions ? Bertrand Cochery : Il y a un mois que je suis arrivé comme ambassadeur à Brazzaville. C’était donc le bon moment pour venir faire cette visite. J’ai été impressionné par la qualité des collections présentées dans cette galerie, qu’il s’agisse des collections de peinture avec des grands noms comme celui de Gotène, mais aussi d’autres plus récents qui témoignent de la vitalité de la peinture au Congo. Il faut citer aussi les superbes collections de ce qu’on appelle les arts premiers, les arts traditionnels de toutes les régions du bassin du Congo. C’est important de pouvoir rendre compte de la spécificité, du foisonnement et du mélange entre ces différentes formes d’arts. Je pense qu’il est également important que l’on mette en valeur les artistes congolais dans les décorations des hôtels. Or, trop souvent on y voit une décoration standard internationale. Au contraire, il faut mettre en valeur les artistes congolais dans les hôtels.
B.C : Je la découvre. Evidemment, j’en connaissais un certain nombre de traces au travers des grands musées européens, qu’il s’agisse de la culture du Congo Brazzaville, ou du Congo-Kinshasa. La sculpture et la culture congolaises sont porteuses d’une force extraordinaire. Je crois que c’est cette notion de force, de puissance qui la caractérise … Et n’oublions pas la musique. Il y a une énergie dans les différentes formes de musique au Congo qui est particulièrement impressionnante, signe de vitalité indispensable pour la vie d’un peuple. L.D.B : Quelles sont les priorités de votre mandat au Congo B.C : Je les résumerai en trois mots : amitié, stabilité et développement. L’amitié parce qu’il y a une amitié puissante entre la France et le Congo. Un lien très fort qui nous attache depuis des temps très anciens. Et Brazzaville, ancienne capitale de la France Libre, est une ville qui parle pour la mémoire de la France, pour la mémoire de l’amitié entre la France et le continent africain. Le Congo a une place à part dans notre histoire avec l’Afrique. Une place à part aussi dans le présent de notre relation. Inspiré par cette amitié, je crois qu’il faut qu’on honore cette mémoire. Cela veut dire travailler dans ce sens de l’honneur et de l’amitié. C’est ce à quoi je vais m’attacher. Il faut faire preuve de générosité dans l’action. Le présent, c’est un présent de défis. Ces défis parlent de stabilité, qui est un enjeu considérable. Il s’agit, notamment, d’un travail de consolidation du lien entre le politique et la société. L.D.B : Sous votre mandat, Paris et Brazzaville peuvent-elles vraiment espérer que la relation bilatérale sera remise à son juste niveau ? B.C : Je l’espère bien. Cette remise au juste niveau est essentielle. Nous avons cette chance, la France et le Congo, d’être des pays liés par une histoire, une amitié, un engagement pour la paix. Les Congolais veulent un pays qui puisse se développer, un pays où on se tend la main, où on bâtit des ponts, où on ne reste pas campé sur des divisions. Et si nous pouvons, nous Français, vous aider dans cette démarche, nous le ferons volontiers, car il ne peut y avoir marche pour le développement sans marche, en même temps, sur le chemin de la paix. Ce peut être cela, le nouvel agenda de l’amitié entre la France et le Congo. L.D.B : La France, vous l’avez dit récemment, veut s’investir pour la décrispation du climat politique au Congo en favorisant le « vivre- ensemble ». Que prévoyez-vous de faire concrètement ? B.C: J’ai particulièrement apprécié l’initiative qui avait été prise après la réélection du président Denis Sassou N’Guesso, par le Premier ministre et le maire de Brazzaville sur le thème du « vivre- ensemble ». Elle constitue une main tendue dans un esprit de dialogue. Il n’y a pas d’autres manières de bâtir ensemble une société, de consolider ses bases, de lui permettre d’aller vers l’avenir sans exclusive et sans exclusion. A plus forte raison, lorsqu’on est dans une période économiquement difficile, du fait de la baisse des recettes du pétrole. Je crois que c’est dans ces moments précis que tout le monde doit marcher vers le développement. C’est un objectif qu’on ne peut que partager. De même, s’agissant de la RDC, on ne peut que souhaiter, que l’esprit du dialogue l’emporte sur la tentation de la violence. La semaine dernière, j’ai dit au député maire de Brazzaville, que j’étais à sa disposition pour continuer à travailler ensemble sur cette thématique du « vivre- ensemble ». Ce faisant, par de telles initiatives, le Congo peut apporter sa pierre à l’édifice de la stabilité et de la consolidation de la paix. C’est en ce sens que nous apprécions en particulier l’engagement du Congo en Centrafrique, depuis l’implication décisive du président Denis Sassou N’Guesso dans les négociations entre les parties, jusqu’à la participation de troupes congolaises à la Minusca.
Propos recueillis par Nestor N’Gampoula et Josiane Mambou Louko Légendes et crédits photo :Bertrand Cochery, ambassadeur de France en République du Congo/ photo Adiac. |