Manifestations du 30 novembre : de la marche pacifique à la ville morte

Jeudi 30 Novembre 2017 - 15:58

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La police nationale a fait échouer l'activité programmée par le Rassemblement, le 30 novembre à Kinshasa, en mettant en place un important dispositif de sécurité  qui a dissuadé de nombreux Kinois à rester à la maison et surtout à éviter tout risque inconsidéré pouvant tourner au pire.

 

La marche pacifique programmée par le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement/aile Limete a tourné au vinaigre. À Kinshasa, la manifestation s’est muée paradoxalement en ville morte. Nombreux sont, en effet, les Kinois qui ont préféré rester chez eux, sans prendre le moindre risque de sortir, question de parer à toute éventualité. Les responsables de la police avaient prévenu qu’ils allaient faire respecter la loi et la décision de l’autorité urbaine interdisant toute manifestation publique jusqu’à nouvel ordre. Tout récalcitrant ne devrait que s’en prendre à lui-même. Prenant toute la mesure de la situation et déterminée à faire échec à cette initiative de l'opposition qui dissimulait, selon elle, quelques velléités subversives, la police nationale congolaise s’est placée à la hauteur de l’enjeu.

En réponse à l’opiniâtreté des organisateurs qui n’entendaient pas abdiquer nonobstant l’interdiction de leur marche, un important dispositif policier a été déployé dans les différents carrefours de Kinshasa. D’autres sites stratégiques tels que les marchés, les stations-service, les ronds-points, les arrêts de bus, etc., étaient pris d’assaut par des éléments de la police armés jusqu’aux dents. Toutes les voie conduisant vers les deux points de jonction d’où devrait partir la marche, à savoir le rond-point Molaert et l’échangeur de Limete ont été simplement barricadées. Tout attroupement était dispersé, parfois énergiquement au point de dissuader de nombreux manifestants à rebrousser chemin. Au quartier général de l’Union pour la démocratie et le progrès social, dans la commune de Limete, les partisans de Félix Tshisekedi étaient tenus en respect par des policiers prêts à dégainer. Quelques téméraires ont été arrêtés et d’autres interpellés.

Tel est le climat qui a prévalu à Kinshasa. L’affrontement tant redouté entre policiers bien armés et manifestants à main nue n’a pas eu lieu, les seconds ayant préféré jeter l'éponge. La psychose a pris le dessus sur tout risque inconsidéré pouvant virer au drame. Conséquence : la ville n’a pas connu son ambiance habituelle. Les activités ont tourné au ralenti. Plusieurs écoles, stations-service, magasins, banques et autres n'ont pas fonctionné. La fluidité du trafic routier était symbolique de l’état de paralysie dans lequel s’est retrouvé Kinshasa en cette journée du 30 novembre. De Kingasani au quartier Pompage en passant par Delvaux, Kintambo Magasin et d’autres points chauds de la ville, le constat était quasiment le même, à savoir que le spectre d’une ville fantôme a plané sur la capitale, le temps d’un éclair. Ce n’est qu’en début d’après-midi que la mégalopole kinoise a commencé timidement à retrouver ses marques d’une ville bruyante et vibrante.

Rappelons que les organisateurs de la marche entendaient exprimer leur désapprobation au calendrier électoral publié le 5 novembre par la Céni tout en appelant à une transition sans Joseph Kabila.   

Alain Diasso

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