Sangha : les produits agropastoraux se font raresLundi 20 Octobre 2014 - 19:30 Malgré un climat et une terre fertile où tout, presque, pousse en toutes saisons, le département de la Sangha, situé a près de 800 kilomètres de Brazzaville, reste dépendant en produits agricoles et manufacturés vis-à-vis des pays voisins, avec pour corollaire la cherté du coût de la vie.
L’occasion, rehaussée de la présence des partenaires au développement, le PNUD et la FAO en l’occurrence, se voulait de rappeler aux femmes rurales de tous les âges leur rôle crucial dans l’économie rurale, la sécurité alimentaire, le développement et la stabilité des campagnes. La journée célébré au niveau international sous le thème, « l’autonomisation des femmes rurales et leur rôle dans l’éradication de la pauvreté et la faim, le développement et les défis actuels », visait également, précise la ministre Catherine Embondza Lipiti, a « mener des plaidoyers en vue de reconnaitre les femmes rurales comme actrice principales de développement, attirer l’attention des décideurs et leaders communautaires sur les difficultés qui limitent leur progrès et entament leur bien-être ». Si les femmes rurales de la Sangha, de Ouesso précisément, ont saisi l’invite faite par le gouvernement et les partenaires au développement de soutenir la production agricole en fournissant davantage de nourriture, c’est également avec surprise agréable qu’elles ont reçu quelques aides pour tenir ce pari. A l’instar des semences améliorées offert par l’IRA et composé de plusieurs produit tels le Soja, maïs, riz, manioc, patate douce, arachide, haricot et vigna. Quelques femmes et groupements ont bénéficié par contre du matériel agricole destiné à assurer de petits champs familiaux de proximité. Un désintérêt à l’activité agricole, signe d'une population rurale vieillissante Le département de la Sangha est reconnu pour ses forêts et sa viande de brousse qui constitue, selon des experts, un aliment de base. Avec une terre et un climat favorables aux activités Le constat fait par des experts à Ouesso, choisi pour abriter la Journée, est l’inexistence d’une ceinture maraichère capable d’assurer une production de première nécessité. « Nous constatons qu’ici à Ouesso il n’y a pas beaucoup de maraichers. Il y a de la viande et du poisson certes, mais une alimentation équilibrer doit faire recours aux légumes et fruits », relève Stève Mapangou Divassa, chercheur a l’IRA. Bien que l’accès à la terre, au crédit, aux intrants et aux transports des produits agricoles vers des centres de transformations soient globalement cité comme freins aux activités agricoles, le vieillissement de la population rurale est considéré comme un verrou important à l’amélioration de la sécurité alimentaire et à l’élimination de la pauvreté en milieu rural. « Les villages sont aujourd’hui vidés des bras valides et donc, habités par une population vieillissante ne pouvant plus se livrer aux travaux champêtres. La plupart des jeunes sans qualification vont vers les grands centres urbains à la quête du moindre emploi rémunérateur », explique le préfet de la Sangha, Adolphe Elemba. Pourtant, au-delà de ce constat commun a plusieurs département du pays, le préfet de la Sangha pense que les populations locales sont dans un « sommeil hibernal caractérisé par une alimentation chronique » alors qu’elles sont, selon lui, « assises sur l’or mais dominées par l’oisiveté et la mentalité d’assistés, croupissant ainsi paradoxalement sur le poids de la pauvreté et de la misère ». Encourager l’agriculture familiale pour renverser la tendance La grande agriculture est encore loin de voir le jour dans le département de la Sangha malgré quelques initiatives de femmes rurales et de petits agriculteurs. Certains se sont formés en coopérative comme le groupement Bomoko, situé à quelques kilomètres de Ouesso. Mais, pour assurer une production minimale de produits agricoles, la FAO incite à la mise en œuvre des activités agricoles de famille. « L’agriculture familiale contribue à préserver les produits alimentaires traditionnels et favorise un régime alimentaire équilibré tout en permettant de conserver la biodiversité agricole mondiale et d’utiliser durablement les ressources naturelles », souligne le Congolais Marius Saya-Maba, assistant et représentant chargé de Programme a la FAO à Brazzaville, lors d’un échange avec les femmes et petits agriculteurs à Ouesso. « L’agriculture familiale est la forme d’agriculture la plus répandue au monde, tant dans les pays en développement que dans les pays développés », appui-t-il. Mais, soutenir toutes formes d’activités agricoles c’est aussi faciliter et aider à l’accès de plusieurs ressources. Catherine Embondza Lipiti a évoqué la possibilité de son département ministériel à aider aux activités génératrices de revenu pour réduire la vulnérabilité des femmes en vue de leur autonomisation. La ministre a par ailleurs fait état des Caisses féminines, des structures de proximité mises en place dans le but de faciliter l’accès au crédit aux femmes rurales. Celles de Ouesso et de la Sangha attendent sans doute ces aides pour assurer une production agricole suffisante et participer à réduire l’alimentation chronique dont souffre la quasi-totalité de la population du département qui abrite cette année les festivités de l’indépendance du Congo.
Quentin Loubou |