Surprenante !

Oui, surprenante – pour ne pas dire incompréhensible – est la démarche qui doit permettre, lundi prochain, le lancement officiel de l’Exposition Marcel-Gotène dans le magnifique Musée du nouveau Centre international de conférences de Kintélé qui, à cette occasion, ouvrira pour la première fois ses portes au grand public.

Surprenante dans la mesure où elle ne présentera aucune des nombreuses toiles du plus grand peintre congolais que conserve pieusement sa famille, alors même que ces oeuvres, réalisées dans les dernières années et les derniers mois de la vie de l’artiste, comptent certainement parmi les plus belles qu’il ait peintes tout au long de son existence. Surprenante car il n’a pas été demandé à cette même famille de prêter, afin de les exposer, une partie des archives qu’elle détient et qui retracent la vie du plus grand peintre africain ; un capital historique sans équivalent dans le monde, au sein duquel figurent des documents que personne d’autre ne possède : lettres, photos, esquisses, diplômes, matériels …

Si une telle manifestation était organisée par des collectionneurs privés, l’on pourrait à la rigueur comprendre, expliquer, cette double absence par la méconnaissance de ses organisateurs envers celui qui, demain, sera célébré dans le monde entier comme le Pablo Picasso de l’Afrique. Mais, jusqu’à preuve du contraire, elle l’est par l’Etat lui-même qui veut en faire, à juste titre, l’un des grands évènements culturels de cette année 2018. Et, de ce fait, elle est pour le moins choquante et sera, l’on peut en être certain, notée par les visiteurs qui se presseront à Kintélé dès la semaine prochaine, soulignée par les nombreux médias qui viendront sur place afin de rendre compte de l’évènement, dénoncée avec force par les experts de l’art contemporain.

Passons sur le fait qu’aucun des trente tableaux conservés dans les salles de notre propre Galerie d’art, située au cœur de l’immeuble Les Manguiers, à Mpila, n’a été non plus retenu pour figurer dans l’exposition de Kintélé, cela alors même que Marcel Gotène était venu les présenter lui-même en ce lieu d’exception quelques mois avant sa mort. Mais soulignons, en revanche, le fait qu’exclure purement et simplement le capital artistique détenu et préservé par la famille du grand peintre n’a strictement aucun sens.