Réfugiés centrafricains : le combat pour l'insertion à Brazzaville

Lundi 25 Août 2014 - 20:00

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Les réfugiés et demandeurs d’asile ayant fui la crise socio-politique en République centrafricaine rencontrent des difficultés pour subvenir à leurs besoins quotidiens. Même si chacun essaie de trouver le moyen de survivre avec les siens, ils ont fait entendre leur cri de cœur au journal Les Dépêches de Brazzaville.

Ces déplacés évoquent les conditions de vie qui sont loin de les satisfaire et disent être abandonnés à leur triste sort par le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Bien qu'environ 5000 réfugiés et demandeurs d’asile aient bénéficié d’un statut prima facie, octroyé par le gouvernement congolais, l’insertion préconisée par le HCR et les autorités congolaises peine à prendre corps. 

Hormis la carte de réfugié, le HCR s’est engagé à intervenir en cas d’arrestation, de maladie et dans le domaine de l’éducation. « Jusque-là le HCR ne nous a attribué que des cartes de réfugiés. Il dit que si nous voulons bénéficier d’une aide sociale, il faudrait que nous partions à Bétou. Or ce village n’est pas loin de la frontière. Nous avons des mauvais souvenirs de notre pays. Je ne peux pas rêver de repartir maintenant. Au Congo je suis quelque peu à l’aise avec le peu que je trouve », a déclaré un réfugié centrafricain qui a requis l’anonymat.

Pour une prise en charge totale des déplacés, le Programme alimentaire mondial et le HCR ont invité, dans un communiqué rendu public le 13 juin dernier, les bailleurs de fonds à honorer leurs engagements, avant d’ajouter que « l’afflux de réfugiés centrafricain au Congo est moins important que dans d’autres pays ».

Que vivent-ils au quotidien ?

Se trouvant dans une situation d’insécurité alimentaire à Bétou, dans la Likouala, nombreux déplacés centrafricains ont accouru vers les grandes agglomérations du Congo, Brazzaville notamment, pour des raisons de survie. Certains d’entre eux se sont servi de leurs petits capitaux pour lancer un petit commerce, un domaine pourtant réservé aux nationaux. En quête d’un mieux vivre, nombreux exercent des petits métiers tels que le cirage de chaussures, la cordonnerie, la couture ; etc. Parmi eux, on trouve également des vendeurs ambulants, des petits commerçants, des chauffeurs, soudeurs et professionnels de médias, chacun faisant des pieds et des mains pour être utile et gagner de quoi vivre.

Patrick, 25 ans, et Joseph, 31 ans, respectivement soudeur et chauffeur, tous deux mariés et pères de famille, ont eu plus de chance. Recrutés dans une compagnie de construction, ils donnent le meilleur d'eux-mêmes.

Les principales difficultés rencontrées par ces ressortissants de la RCA sont surtout d’ordre financier. Ces réfugiés, résidant à Brazzaville, sont, en effet, obligés de payer le loyer et nourrir au quotidien leur famille. Pas tout à fait facile au regard de faibles rémunérations. « On me paye 2500 FCFA par jour. Mon loyer coûte 25000 FCFA par mois. Imaginez comment je dois faire pour satisfaire aux besoins de ma famille, composée de cinq membres », s’est plaint Patrick. Et Samuel, journaliste et étudiant en droit, a pu obtenir un stage payant dans un organe de presse de la place, en attendant la rentrée scolaire pour poursuivre ses études à l’Université Marien N’Gouabi, où il a obtenu une inscription depuis mars dernier.

Certe, résider sur le sol congolais leur donne une tranquillité reconnue par chacun. Le nombre de réfugiés ne cesse de croître. Face à la réalité, ces déplacés ont mis en place la Communauté des réfugiés et demandeurs d’asile (CRDA) pour faciliter leur insertion. Cette structure a, selon son président, Yvon Tchicaya, recensé mille sept-cent-soixante-quatorze réfugiés à Brazzaville, et trois mille autres répartis entre Bétou dans la Likouala, Ouesso dans la Sangha et Pointe-Noire. Pour la plupart d’entre eux, le retour en Centrafrique est conditionné par le rétablissement d’une paix définitive.

 

Josiane Mambou-Loukoula et Eudoxie Irène Antsoha (Stagiaire)