Publication de l'examen d’Etat : Kinshasa mise sens dessus dessous

Vendredi 8 Juillet 2016 - 21:52

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La publication le 6 juillet de l'examen d’Etat (édition 2016) s’est négociée dans une ambiance infernale dans la capitale.

La ville n’a pas dérogé au rituel qui veut que l’événement soit célébré avec faste jusqu’à faire sauter le verrou de la décence. La montée de la fièvre avait été ressentie la veille dans plusieurs quartiers où les élèves finalistes sont restés presqu’éveillés, le cœur serré, en attente des résultats. Nonobstant les avertissements du Commissaire provincial de la Police/Kinshasa appelant les finalistes à la modération et à la contenance afin de prévenir tout débordement, les réalités du terrain ont montré les limites de ce rappel à l‘ordre.

Rassemblées dans de grands carrefours en attente des résultats qui devraient être communiqués par l’entremise d’un opérateur de la téléphonie cellulaire, les élèves finalistes piaffaient d’impatience. Une fois les données disponibles sur le réseau, des explosions de joie ont fusé de partout. A Lemba terminus, Place Pascal, rond- point Ngaba, Ndjili Sainte Thérèse etc, les heureux lauréats ont laissé libre cours à leurs fantasmes. Chacun y allait de ses caprices. Culbutes, pleurs, cris de joie pour les uns et course déchaînée pour les autres. Le dernier acte de cette hystérie collective a été dit, le même soir, dans les débits de boissons et autres terrasses, pris d’assaut par des lauréats en liesse.

Kinshasa a, pour ainsi dire, été mise sens dessus dessous par ces nouveaux diplômés. Toute la nuit, vuvuzela, bières et sifflets ont rivalisé de bruyance à côté des décibels que renvoyaient des baffles entreposés à l’entrée des bars à ciel ouvert. Par petits groupes, des lauréats affluaient vers des grands carrefours à l’instar de la Place Victoire transformée, le temps d’un éclair, à un espace foraine. Dans chaque famille où vit un lauréat, les portes sont restées ouvertes toute la nuit. La bière a coulé à flots, du moins pour ceux qui en avaient les moyens.    

Cheveux et visages saupoudrés, vêtements débridés (jeans déchirés au ras de fesse, petites culottes, mini-jupes, blouses dos nu etc), les jeunes-filles dites de la génération « facebook » ont fait sensation. La morale publique en a subi un sacré coup. Avec 66% du taux de réussite recensé, rien que pour Kinshasa, une telle déviation était quasi prévisible dans une ville où l’on épie la moindre occasion pour faire la fête.                

  

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Des lauréates savourant leur réussite

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