PME : « Les entreprises africaines ont rarement la surface financière et la capacité technique suffisante pour répondre aux cahiers des charges », selon Moussa Diomandé

Lundi 7 Octobre 2013 - 13:00

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Le président-directeur général (PDG) de GLS Catering, une entreprise ivoirienne présente dans une dizaine de pays africains, est persuadé que l'émergence économique de la Côte d'Ivoire, comme d'ailleurs des autres pays d'Afrique francophone, passera par le développement d'un tissu de PME « audacieuses et conquérantes »

Moussa Diomandé note que les fonds d'investissement publics font en général travailler les entreprises de ceux qui les apportent : les fonds chinois font travailler les entreprises chinoises, idem pour les fonds français, etc. Les entreprises viennent avec leurs employés et sous-traitent très peu, mais il reconnaît que pour les gros chantiers, les entreprises ivoiriennes ou africaines « ne sont pas toujours en mesure de satisfaire aux exigences des cahiers de charges et ont rarement la surface financière et la capacité technique suffisante ».

Il revient donc aux Africains de créer un vrai tissu productif avec des entreprises plus performantes, fournissant des services de haute qualité, compétitives, capables de relever ces défis, pour qu'investisseurs et pouvoirs publics recourent à leurs services. C'est, selon lui, une nécessité pour capter des marchés publics plus importants. « Gagner de petits mandats sur des services de base, comme le nettoyage, le transport, etc., ce n’est pas ça qui fera l’émergence », estime-t-il.

Il souligne les points faibles des entrepreneurs ivoiriens et africains, qui sont, d’une part, la compréhension des marchés, de l'économie mondiale, indispensable pour capter les tendances, identifier les besoins du marché et définir une stratégie en vue de fournir les services ou les biens recherchés ; et d’autre part, une culture entrepreneuriale encore récente dans un monde économiquement interconnecté.

Heureusement, souligne Moussa Diomandé, la jeune génération est plus ouverte sur le monde : elle comprend mieux la marche du monde. Elle est capable de définir des stratégies économiques, d'imaginer les services ou les services à proposer. Elle a « la capacité, à partir de notre culture et de nos spécificités, de faire la différence sur certains marchés », explique-t-il.

Mais pour conduire les pays vers l’émergence, cette génération a besoin du soutien de politiques publiques d'investissement et de promotion économique qui stimulent les affaires, à l’instar de la Chine, qui soutient et accompagne ses entreprises dans leur l'expansion internationale, de l'Union européenne et ses mécanismes d'accompagnement aux entreprises, ou même du Maroc, qui accompagne le développement de ses entreprises en Afrique. Les PME ivoiriennes et africaines ont « impérativement besoin de ce type d'appui de la part de l'État, partout où elles peuvent conquérir de nouveaux marchés », estime Moussa Diomandé.

Suite à ce constat, il recommande aux autorités ivoiriennes de créer un fonds souverain capable d'identifier les opportunités et de préparer l'avenir en soutenant les entreprises ivoiriennes les plus prometteuses, mais aussi de canaliser l'épargner nationale vers les entreprises. Par ailleurs, souligne-t-il, les grandes entreprises actives dans le pays ont un rôle à jouer en soutenant les PME locales qui les accompagnent dans leur secteur.

Concernant les banques, il estime qu'elles « sont restées sur une vision des PME africaines périmée […]. Les pratiques qui ont eu cours autrefois ne sont plus de mise ». En tout état de cause, l'import-export n'a jamais, selon lui, développé un pays : seul un tissu productif peut faire décoller une économie, et de ce point de vue, la Bourse régionale des valeurs mobilières peut constituer une alternative à la frilosité des banques surtout pour des entreprises d'une certaine taille, car elle ne finance pas l’innovation ou la création d’entreprise.

Noël Ndong