Opération Sophia : le trafic de migrants, un crime contre l’humanité

Jeudi 8 Juin 2017 - 17:34

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Une réunion organisée par l’Euronafvor se tient les 8 et 9 juin à Rome. Cette rencontre a permis aux responsables militaires et policiers européens de souligner la gravité du trafic des migrants dans le but de faciliter la lutte contre ce phénomène.

À cette occasion, le chef de l’opération navale européenne anti-passeurs Sophia (Euronavfor Med), l’amiral Enrico Credendino, a évoqué les extorsions, violences, viols et meurtres réguliers contre des migrants en Libye. « Le trafic de migrants tel qu’il a lieu en Libye devrait être reconnu comme un crime international, un crime contre l’humanité », a-t-il déclaré. L’amiral a néanmoins salué le travail accompli par les humanitaires pour sauver les migrants : « Tant qu’il y aura des migrants en mer, il faudra aller les chercher. Et je ne suis pas convaincu que la présence des ONG constitue un facteur incitatif aux tentatives de traversées comme certaines en sont accusées ». Mais « pour être efficaces, il faut aussi combattre les passeurs. Sinon les migrants continueront de mourir », a insisté l’amiral italien.

« Il y a eu plus de 5.000 morts en Méditerranée l’an dernier, et nous ne savons rien sur le Sahara mais nous pouvons considérer que c’est au moins le même chiffre, si ce n’est plus », a dit pour sa part Robert Crepinko, chef de l’unité de lutte contre le trafic de migrants à Europol.

Pour les responsables de l’opération Sophia, la reconnaissance du trafic de migrants comme crime contre l’humanité obligerait les pays africains qui ne le considèrent pas encore comme un crime à agir, tandis que les enquêteurs n’auront plus à se préoccuper des délais de prescription.

La chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini a déclaré que l’UE allait évaluer « dans les mois qui viennent » les besoins en équipement des garde-côtes libyens pour mieux lutter contre les passeurs de migrants. « Nous sommes en train d’évaluer les besoins avec les autorités libyennes. Ce processus va avoir lieu dans les mois qui viennent », a-t-elle précisé en arrivant à une réunion des ministres de la Défense de l’UE à La Valette. « Il s’agit de matériel non militaire », a-t-elle signalé, soulignant que l’Italie pourrait, par ailleurs, rendre prochainement à la Libye des patrouilleurs retenus dans ses ports depuis des années en raison de l’embargo décrété contre le régime de Mouammar Kadhafi.

L’opération Euronafor entend présenter aux Nations unies la proposition selon laquelle le trafic des migrants est un crime international. Mais avant d’être éventuellement présentée, cette proposition fait partie des sujets de discussion lors de la réunion organisée à Rome par Euronavfor Med pour permettre une meilleure coordination entre les acteurs engagés.

Il sied de noter que dans le cadre de l’opération Sophia, l’UE a déjà formé une centaine de garde-côtes dans l’objectif d’intensifier la lutte contre le trafic de migrants au départ de la Libye. Malgré cela, depuis le début de cette année, 1.092 migrants sont morts ou ont disparu en Méditerranée, selon l’ONU, qui a constaté une hausse de près de 45% des arrivées en Italie sur un an, à plus de 36.900.

L’opération Sophia a été lancée le 22 juin 2015 par les ministres des affaires étrangères de l’Union européenne avec comme mandant principal de saisir et neutraliser les bateaux et les ressources des trafiquants de migrants dans la partie sud de la Méditerranée centrale. Le 20 juin 2016, le Conseil européen avait prorogé jusqu’au 27 juillet 2017 le mandat de l’opération et y avait ajouté deux tâches de soutien. Elle doit dorénavant d’une part former les garde-côtes libyens et la marine du pays et d’autre part contribuer à la mise en œuvre de l’embargo des Nations unies sur les armes en haute mer au large des côtes libyennes.

Nestor N'Gampoula

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