Matteo Renzi va enfin se tourner vers l’Afrique

Mardi 24 Juin 2014 - 19:44

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Le Premier ministre italien souhaite engager l’Union européenne dans un renouveau de sa politique extérieure

À partir de juillet, la présidence de tour de l’Union européenne va revenir, pour six mois, à l’Italie. À ce titre, le jeune et remuant président du Conseil (Premier ministre) italien, Matteo Renzi, veut engager les 28 membres de l’UE à plus d’attention vers les zones du monde où l’intérêt ne doit pas seulement être économique. En particulier, le Premier ministre italien souhaite que l’Europe ne regarde pas un continent comme l’Afrique comme terre des seules opportunités énergétiques.

Le Premier ministre Renzi entend d’autant plus pousser sur l’accélérateur en matière de politique extérieure européenne qu’une Italienne pourrait conduire la diplomatie de l’Union. À l’heure où l’exécutif actuel à Bruxelles arrive en fin de mandat, plus d’une voix s’est en effet exprimée pour que le portefeuille des Affaires étrangères passe aux mains d’un Italien. Ou plus précisément aux mains d’une Italienne, la Pologne s’étant clairement prononcée pour que l’actuelle ministre italienne des Affaires étrangères, Federica Mogherini, « tout à fait capable », monte à Bruxelles. Elle prendrait le poste de la Britannique Catherine Ashton.

En particulier, l’Italie veut engager ses partenaires européens à considérer le continent africain en plein essor, à « établir avec lui un rapport privilégié stable non seulement pour l’énergie mais aussi pour le développement ». C’est toute l’Europe qu'il invite à être plus « active » sur le front extérieur. Il entend notamment voir toute l’Asie ne pas se réduire à la seule Chine, même si son poids en fait un partenaire incontournable dans les affaires du monde aujourd’hui.

« La Chine ne peut pas seulement être un marché où placer les produits du ‘made in Italy’. La terre de naissance de Marco Polo et Matteo Ricci ne peut se réduire à cela, même si c’est important ». Marco Polo ? Un trait de cette histoire des rapports un peu particuliers entre Chine et Italie. Ce Génois né en 1254, visita la Chine dont il ramena, notamment, les fameuses pâtes alimentaires que les Congolais connaissent sous le seul nom générique de spaghettis, devenus symbole alimentaire de l’Italie.

Quant au père Matteo Ricci, il est lui aussi un Italien, jésuite, parti en mission en Chine où il marqua la reprise du catholicisme dans ce pays de Confucius au 17è siècle. Il y mourut et y est enterré, mais il y développa un important travail d’astrophysicien et de mathématicien à la cour des mandarins. Avec ses compagnons, jésuites mais aussi franciscains, il y réalisa le premier atlas du monde qui devait inspirer la cartographie mondiale et aider navigateurs et marins.

L’engagement de M. Renzi pour une politique extérieure européenne plus incisive en direction de l’Afrique, par exemple, constitue la première indication d’attention pour un continent pour lequel il n’a pas eu, jusqu’ici, de ligne claire. La composition de son gouvernement en février dernier, avec la mise à l’écart à la fois du ministère de l’Intégration et de sa première titulaire dans l’absolu, l’Italo-Congolaise Cécile Kyenge Kashetu, avait donné à penser qu’il ne voulait pas distraire ses énergies avec des préoccupations de politique étrangère, très marqué par les questions d’austérité et de chômage dans son pays. Il semble qu’il veuille inviter cet eurocentrisme à se mettre au service d’une solidarité effective. Affaire à suivre.

Lucien Mpama