Lutte contre Boko Haram : la France et les pays voisins du Nigeria décident de mutualiser leurs efforts humains et matérielsLundi 19 Mai 2014 - 10:33 À la demande de son homologue nigérian Goodluck Jonathan, le président français François Hollande a organisé, le 17 mai à Paris, un mini-sommet d’urgence sur la sécurité au Nigeria auquel ont pris part les présidents camerounais Paul Biya, béninois Thomas Boni Yayi, tchadien Idriss Deby Itno, nigérien Mahamadou Issoufou. Les États-Unis étaient représentés par la sous-secrétaire d’État adjointe aux Affaires politiques Wendy Sherman, le Royaume-Uni par le secrétaire d’État aux Affaires étrangères et du Commonwealth William Hague, et l’UE par le président du Conseil européen Herman Van Rompuy et le secrétaire général exécutif du Service européen pour l’action extérieure, Pierre Vimont François Hollande a annoncé un plan global régional de court, moyen et long terme pour lutter contre le groupe islamique terroriste Boko Haram, qu’il a qualifié de « menace majeure ». « Boko Haram est devenu une menace majeure pour l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest et maintenant l’Afrique centrale », a déclaré François Hollande, soulignant que « ses liens avec Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) et d'autres organisations terroristes ont été établis ». François Hollande a également annoncé des échanges de renseignements, d’informations, des actions coordonnées et le contrôle des frontières. Il a surtout insisté sur le renforcement des moyens d’action déjà mis en place pour mieux identifier la menace et un échange d’informations avec les pays de la région, le pilotage des moyens, une présence militaire et une capacité d’intervention en cas de danger, la participation des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’UE. Il a précisé par ailleurs que la France n’envisageait pas un déploiement supplémentaire d’unités militaires – déjà présentes dans la région, notamment au Tchad. Selon lui, « Boko Haram a une stratégie anti-civilisationnelle de déstabilisation du Nigeria, mais aussi de destruction des principes fondamentaux de la dignité humaine. Plus de deux cents jeunes filles promises à l'esclavage, c’en est la preuve. Un plan global doit être mis en œuvre pour échanger les informations, coordonner les actions, contrôler les frontières et agir de façon appropriée. » Le mini-sommet de Paris avait aussi pour objectif de faire en sorte que « la menace de Boko Haram soit connue, identifiée, évaluée », a rappelé François Hollande, qui a affirmé que des drones et des rafales seront mobilisés et que les opérations devraient être centralisées à Ndjamena. Paul Biya a déclaré : « Nous sommes ici pour déclarer la guerre à Boko Haram », dans laquelle son homologue Goodluck Jonathan s’est « pleinement engagé ». Il ne fait aucun doute que Boko Haram n’est plus seulement un groupe terroriste "local" » avec, entre autres préoccupations, celle de retrouver les 223 jeunes lycéennes enlevées en avril dernier, a-t-il indiqué. C’est avec beaucoup d’émotion qu’Idriss Deby Itno s’est engagé avec détermination à faire face aux terroristes qui gangrènent la région. « Ces terroristes ont déjà fait du mal dans la sous-région ; les laisser continuer, c’est prendre le risque de laisser l’ensemble de la sous-région, de l’Afrique dans le désordre », a-t-il expliqué, pendant que Thomas Boni Yayi appelait à la mutualisation des efforts et des ressources au plan régional et international, considérant que l’intolérance religieuse n’était pas acceptable. Mahamadou Issoufou a appelé au renforcement de la politique de développement, la pauvreté faisant le nid du terrorisme et du radicalisme religieux parmi les jeunes désœuvrés. En marge du sommet, une source diplomatique occidentale a indiqué que le Nigeria était enfin favorable à l’examen par le Conseil de sécurité de l’ONU d’un régime de sanctions contre Boko Haram, responsable de milliers de morts ces dernières années. Cette rencontre marque peut-être un début de coopération entre le Cameroun et le Nigeria pour lutter contre Boko Haram. Noël Ndong |