Le pape lance un appel au monde pour la protection des chrétiensJeudi 7 Août 2014 - 18:21 Les catholiques chassés des régions conquises par les djihadistes irakiens s’ajoutent à une trop longue liste de persécutés dans le monde, dénonce le pape Les chrétiens constituent des minorités persécutées aujourd’hui. Le chef de l’Eglise catholique appelle la communauté internationale à leur assurer accueil et solidarité quand ils sont, comme en Irak ces derniers jours, chassés des terres où ils étaient établis depuis des temps bibliques littéralement. Le pape François « attristé » par les derniers développements en Irak, exprime sa proximité avec les chrétiens d’Irak « persécutés et dépouillés de tout ». Il « adresse un pressant appel à la communauté internationale, afin qu'elle se mobilise pour mettre fin au drame humanitaire en cours (…) ; que soit entrepris le nécessaire pour protéger ceux qui sont menacés par la violence, et assurer les aides nécessaires, en commençant par les plus urgentes, à tant de déplacés, dont le sort dépend de la solidarité d'autrui (…) ; s'unit aux appels insistants des évêques régionaux, demandant, avec eux et pour leurs communautés en péril, que s'élève de toute l'Eglise une prière unanime pour demander au Saint-Esprit le don de la paix ». A rappeler que selon l’évaluation du patriarche chaldéen de Babylone, Mgr Louis Sako, ce sont en tout 100.000 chrétiens qui ont été poussés vers l’errance jeudi dans la seule ville irakienne majoritairement chrétienne de Qaraqosh « avec rien d'autre que leurs vêtements sur eux » alors que « leurs églises sont occupées, leurs croix enlevées ». Le patriarche redoute que ces développements n’aboutissent à un véritable « génocide » dans les régions irakiennes où les chrétiens cohabitaient jusqu’ici sans trop de difficultés avec la majorité musulmane. La vague de jeudi suit de près celle d’un autre vaste mouvement forcé des chrétiens d’Irak intervenu au début du mois à Mossoul, la ville biblique de Ninive, elle aussi aux mains des musulmans extrémistes qui y ont établi un « califat ». D’une manière générale, le Souverain pontife se montre très préoccupé ces dernières semaines par une situation internationale très défavorable aux minorités chrétiennes dans des pays comme le Bangladesh, l’Inde, la Somalie, le Soudan ou le Nord-Nigéria. A la faveur de l’audience qu’il a accordée il y a deux semaines à la Soudanaise chrétienne Meriam Ishag, l’Observatoire italien pour les libertés religieuses a rappelé qu’il y a aujourd’hui des millions de chrétiens victimes de persécutions dans le monde. Si la mobilisation des chancelleries a pu sauver Meriam Ishag de la mort par pendaison pour avoir choisi le christianisme dans un pays, le Soudan, régi par les lois de l’islam, il reste de nombreuses aires de la planète où même le fait de porter un crucifix ou une bible peut être puni de mort. L’observatoire estimait que le monde est aujourd’hui découpé en trois aires d’influence où chrétiens et minorités risquent la vie pour leurs convictions religieuses: celle des pays où l’influence islamique est en croissance (Soudan, Nigéria, Irak, Syrie…) ; celle des pays sortis ou sortant du communisme athée dont la Corée du Nord est le symbole emblématique et, enfin, celle où la confluence des rivalités ethniques et communautaires prennent en tenaille la vie des chrétiens et autres croyants. L’observatoire italien citait pour cela les cas de la République centrafricaine et de la République démocratique du Congo, notant que le risque venait ici du refus des chrétiens ou des musulmans modérés de prendre les armes au nom de la religion. Pour Massimo Introvigne, sociologue expert des religions, c’est le refus à s’associer à une guerre au nom de sa foi qui expliquerait le grand nombre de victimes de l’intolérance religieuse aujourd’hui dans le monde. Car, soutient-il, la menace islamique en tant que telle n’entre que pour 15,20% dans les violences contre les chrétiens. Cette analyse vaut ce qu’elle vaut, le fait est que 200 millions de chrétiens vivant aujourd’hui dans des pays où ils ne constituent pas la majorité sont à risque de persécutions suivant les données fiables de l’Aide à l’Eglise en détresse. Organisme de droit pontifical, il souligne que la liberté religieuse est de plus en plus menacée pour les chrétiens vivant dans les pays dits du « Printemps arabe », mais aussi dans les pays africains où se note une pression islamiste grandissante. Tunisie, Libye et Egypte ne sont plus des terres sûres pour les minorités chrétiennes, alors que même près de 46% de chrétiens nigérians vivent sous la terreur du groupe islamiste de Boko Haram. Lucien Mpama |