Gouvernement-M23 : les Déclarations signées à Nairobi font polémique

Jeudi 19 Décembre 2013 - 14:00

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Les deux Accords signés séparément à Nairobi, le 12 décembre, entre le gouvernement et la rébellion du M23 continuent à faire des vagues et sont actuellement au centre d’une vive controverse entre l’opposition et la majorité qui n’émettent pas sur la même longueur d’ondes.

L’enthousiasme du gouvernement, qui s’est félicité de n’avoir pas conclu un accord avec le M23 et d’avoir définitivement mis fin à l’aventure militaire de ce groupe armé à l’est de la RDC, a été vite battu en brèche par l’opposition qui a sa lecture des faits. À la suite des Forces acquises au changement (FAC) de Martin Fayulu, la Coalition pour le vrai dialogue (CVD), coordonnée par Vital Kamerhe, voit dans ces accords « un acte de haute trahison » de la part du gouvernement.

Pour cette plate-forme qui vient de rendre publique sa position, le gouvernement a bel et bien signé un accord avec le M23 bien que subtilement présenté sous forme des déclarations signées séparément et ce au mépris d’une des recommandations formulées par les députés nationaux. Toutefois, les engagements pris par le gouvernement, d’après la CVD, reprennent la quasi-totalité des revendications du M23 contenues dans l’Accord du 23 mars 2009 à la base de la guerre ayant secoué l’est de la RDC ces dernières années. Dans ses analyses, le CVD estime que le gouvernement a fait la part belle au M23 qui pourra enfin obtenir sans coup férir ce qu’il a cherché par les armes avec, à la clé, la matérialisation du projet de balkanisation du pays. À la faveur des engagements pris à Nairobi, le M23 pourra se muer en « parti politique légitime » et ses cadres devenir éligibles. Le M23 se retrouvera, de ce fait, dans le partage du pouvoir avec des représentants dans les institutions de la République, dans les entreprises publiques et dans les services de sécurité, se plaint la CVD qui y voit là une « prime à la guerre ».

En plus, l’amnistie à accorder aux éléments du M23, « sans aucune évocation pour les victimes des affres de la guerre d’une quelconque possibilité de porter plainte et d’obtenir réparation pour les dommages subis de leur part », est perçue par la CVD comme la consécration de la culture de l’impunité. À cela s’ajoute l’impossibilité d’extrader les criminels de guerre refugiés au Rwanda et en Ouganda. La CVD redoute, par ailleurs, « le transfèrement sans sélection de 1500 éléments du M23 cantonnés en Ouganda dont la prise en charge est assurée tous ces jours par le gouvernement congolais ». De plus en plus des voix s’élèvent dans l’opposition pour dénoncer ces accords qui, d’après elles, cautionnent une cohabitation forcée entre les populations de l’Est et leurs bourreaux d’hier sur fond d’infiltration des Rwandais avec, en sus de cela, la concrétisation du projet de balkanisation de la RDC longtemps caressé par des forces obscures.

Du berger à la bergère

Ces critiques sont cependant loin d’émouvoir le gouvernement qui confirme la justesse des textes signés à Nairobi qui ont l’avantage d’avoir scellé définitivement le sort du M23. Contrairement aux allégations de l’opposition, Lambert Mende, porte-parole du gouvernement, estime que les populations de l’Est se sont réjouis du dénouement du processus de paix entamé à Kampala. L’accueil délirant réservé au chef de l’État lors de sa récente tournée à l’Est dément ces critiques, estime-t-il. « Nous avons refusé de signer un document avec le M23. Il n’y a aucun retour en force du M23. Nous avons poussé la logique de la qualification du M23 comme force négative jusqu’au bout », a-t-il précisé.  

Et contrairement aux allégations de l’opposition au sujet de l’amnistie, un cadre de la majorité présidentielle indique qu’il n’y aura pas d'amnistie générale. « Ceux qui sont présumés s'être comportés de façon criminelle sur le plan du droit international, qui ont commis des crimes de guerre ou des crimes contre l'humanité ne seront pas réinsérés dans la société », a-t-il précisé tout en ajoutant « qu’il n’y aura pas d'amnistie aveugle ».     

À la majorité, on se dit plutôt satisfait des conclusions de Nairobi lesquelles dénotent du sens de responsabilité du gouvernement qui aura sauvegardé les intérêts du pays jusqu’au bout. Ces déclarations, non seulement ont mis fin à la guerre, mais aussi permettront d’impulser la dynamique du développement dans les territoires et villes de l’Est sinistrés.

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Joyce Banda et Yoweri Museveni signant le communiqué final Sadc-Cirgl à Nairobi