Gouvernance politique : la social-démocratie en débat à Brazzaville

Les intervenants à ce débat étaient des hommes politiques appartenant aussi bien à la majorité présidentielle qu’à l’opposition et des étudiants. Dans leurs différentes contributions, les participants à cette rencontre intellectuelle et politique ont formulé des interrogations essentielles telles que : comment peut-on expliquer qu’au Congo, on trouve les partis politiques sociaux-démocrates dans l’opposition et  la majorité ? Pourquoi dans la manière de gouverner, les dirigeants congolais ne parviennent-ils pas à concilier l’idéologie de leur parti à la pratique quotidienne ? Pourquoi la plupart des formations politiques congolaises se réclament-elles de la social-démocratie ? Autant de questions qui ont suscité des échanges riches et fructueux.

Au cours du débat, a été fait le constat que les partis politiques congolais tissaient des alliances non pas sur la base de leurs idéologies, mais pour des considérations d’intérêts inavoués. À ce propos, l’ancien ministre Martin Mberi a interpellé le président du Parti républicain et libéral, Nicéphore Fylla de Saint Eudes, et le représentant du Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral à développer un libéralisme économique qui pourrait aider l’économie congolaise à aller de l’avant, au lieu de se perdre en contractant des alliances contre nature avec les partis sociaux-démocrates.

En réalité, ont convenu de nombreux intervenants, les organisations politiques se réclamant de la social-démocratie devraient former une coalition politique nationale pour ennoblir le débat politique au Congo. Le débat politique doit se fonder non pas sur les partis politiques, souvent identifiés à leurs leaders, mais sur l’idéologie. Une amorce de cette démarche vient d’être faite, a rappelé le député de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale, Honoré Sayi, lors de la récente signature de l’alliance des sociaux-démocrates du Congo.

Abordant la gouvernance publique sous le régime d’un parti politique d’audience social-démocrate, de nombreuses contributions ont relevé le fait que l’homme, qui est pourtant au centre de la production dans un système socialiste, ne bénéficie pas au Congo des richesses qu’il engendre. Il se pose ainsi, ont-ils constaté, le problème de redistribution équitable de la richesse nationale dans notre pays.

À ce niveau, une interrogation aussi fondée que pertinente a traversé les esprits de la majorité des participants : devrions-nous changer la forme de gouvernance ou les acteurs politiques ? La réponse a été proposée, en partie, par l’ancien ministre Martin Mberi qui pense qu’avant tout, les Congolais doivent se battre pour créer une nation solide et efficace : les autres aspects de problème, qui ne sont que des conséquences, trouveront des solutions par eux-mêmes.

Dans son mot introductif, Serge Ikiemi, initiateur du Café du savoir, a rappelé à l’assistance que cet espace de débat citoyen, constructif et évolutif, se voulait un lieu d’échanges et d’informations, où étaient proscrits les attaques interpersonnelles et les règlements de compte politique. Le Café de savoir, a-t-il dit, peut s’organiser de deux manières : des débats publics et des échanges fermés. L’objectif, a-t-il poursuivi, est de créer un dialogue proactif entre les Congolais de toutes les obédiences politiques, philosophiques et religieuses.

Le gratin d’intellectuels et cadres politiques présents à ce débat a formulé le souhait de voir la classe politique congolaise prendre ses responsabilités et qu’elle envisage de changer son modèle de gouvernance politique en vue de propulser le Congo vers un développement tous azimuts.