Développement : l’Afrique concernée également par la montée de l’obésité et du diabète

Samedi 3 Juin 2017 - 12:30

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Ces maladies chroniques dites « des pays riches » gagnent du terrain essentiellement dans les pays du Maghreb, selon la dernière carte publiée par le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad). Il s’agit d’un document stratégique qui permet également de mesurer le taux des terres arables de la région et l’état de malnutrition et de la sécurité alimentaire des pays africains.

En clair, le Nepad est en mesure aujourd’hui d’indiquer les points chauds du continent africain en termes de famine, de malnutrition et de sécurité alimentaire. Cette carte permet d’avoir un aperçu du contexte de la nutrition en Afrique à la fin de 2016. « Trop de personnes souffrent de la faim en Afrique. La faim dérive de la pauvreté, mais cette carte présente aussi les fenêtres d’opportunités pour les dirigeants africains, afin qu’ils prennent conscience de l’immense potentiel agricole du continent pour assurer la production de la nourriture », a expliqué Kefilwe Moalosi, Nutrition Programme Officer pour l’agence du Nepad, en marge de la treizième édition du Comprehensive Africa Agriculture Development Programme Partenrship à Kampala, en Ouganda.

La carte livre effectivement un certain nombre d’informations. Nous le disions, l’Afrique a connu une augmentation inquiétante de la prévalence de certaines maladies des pays riches comme l’obésité et le diabète. Cette situation peut s’expliquer par un seul chiffre : 50. Il s’agit en fait des 50 milliards de dollars américains USD d’importations de nourriture par an. En somme, l’Africain mange de plus en plus comme l’Européen. Bien entendu, il en paie aussi le prix d’une certaine manière. Une situation d’autant plus paradoxale que le potentiel agricole existe mais reste très largement sous-exploité. Il faut rappeler que la moitié des terres arables disponibles dans le monde se trouve en Afrique. L’agriculture et la chaîne de valeur associée au secteur offrent une alternative crédible à la sécurité alimentaire du continent. Sur ce point précis, les taux les plus élevés de prévalence de l’obésité chez l’adulte sont identifiés en Libye (33 %), Égypte (29 %) et Tunisie (27 %). Par ailleurs, en termes de prévalence du diabète chez l’adulte, il y a l’Égypte (19 %), la Libye (17 %) et la Guinée équatoriale (16 %).

Sur l’ensemble de la région, les trois pays les plus dépendants des importations sont le Bénin, la Gambie et le Cap-Vert. Leur taux de dépendance varie entre 32 et 41 %. Dès lors, l’on saisit mieux la position privilégiée de la Tanzanie, la Zambie et l’Afrique du Sud qui affichent des taux de dépendance de moins de 6 %. La situation est plutôt compliquée pour Djibouti, les Seychelles et la Mauritanie qui disposent de peu de terres arables, soit moins de 1 % de la superficie totale de leurs territoires respectifs. Il est plus difficile, dans ce cas de figure, de promouvoir sérieusement l’agriculture. Par contre, d’autres pays comme le Togo, le Burundi et le Rwanda ont affecté plus de 46 % de leurs territoires respectifs aux cultures temporaires. Des pays comme l’Éthiopie, la Tanzanie et le Nigéria comptent le nombre le plus élevé de personnes sous-alimentées. En chiffres, cela donne 13 millions pour Abuja, 17 millions à Dodoma et 32 millions à Addis-Abeba. Par contre, les populations mangent à leur faim au Cap-Vert, au Gabon et à l’Île Maurice. Voilà l’architecture nutritionnelle de la nouvelle Afrique.

Laurent Essolomwa

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