Centrafrique : une experte de l’ONU appelle à promouvoir la réconciliation dans l’ensemble du pays

Jeudi 24 Avril 2014 - 12:58

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Marie-Thérèse Keita-Bocoum, experte indépendante des Nations unies sur la situation des droits de l’homme en Centrafrique, a demandé, le 23 avril, aux autorités du pays de multiplier les contacts avec les populations en dehors de la capitale Bangui afin d’encourager la réconciliation intercommunautaire tant dans la capitale que dans les régions

Marie-Thérèse Keita-Bocoum a fait cette recommandation au terme de sa deuxième visite en Centrafrique, qui avait pour objectif d’évaluer la situation des droits de l’homme, tout particulièrement à l’intérieur du pays, et de s’enquérir des initiatives locales en faveur de la sécurité, de la paix et de la réconciliation.

Au cours de cette visite, elle a recueilli des témoignages et des informations auprès de la population, de la société civile, ainsi qu’auprès des autorités politiques, nationales, locales et religieuses. Elle s’est par ailleurs entretenue avec plusieurs membres du gouvernement de transition, ainsi qu’avec des membres du corps diplomatique et des représentants du système de l’ONU.

« Les violations des droits de l’homme continuent en République centrafricaine, même si on en dénombre moins. La menace que représentent les anti-Balaka et les ex-Seleka continue de peser tant sur la capitale que sur le reste du territoire national, a déclaré l’experte. Même si on note un progrès dans le respect du droit à l’éducation avec la réouverture des écoles dans certaines localités, la situation économique qui continue de se dégrader est de nature non seulement à freiner ce progrès, mais aussi, et surtout, à altérer considérablement la jouissance des autres droits économiques et sociaux. »

« Malgré les efforts déployés par les forces internationales, le sentiment de l’insécurité par les populations, en particulier la communauté musulmane, est tel que certaines partent ou demandent à partir, ce qui rend plus qu’urgent le renforcement des mesures de sécurité », a poursuivi Marie-Thérèse Keita-Bocoum.

En dépit de la persistance des violences, elle a toutefois relevé l’existence d’initiatives de réconciliation et de poches de cohésion sociale fonctionnant avec très peu de moyens, tant à Bangui, la capitale, que dans l’arrière-pays.

Marie-Thérèse Keita-Bocoum a profité de cette occasion pour saluer la volonté affichée par les autorités de la transition de lutter contre l’impunité et d’assurer la présence de l’Administration et de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national. Soulignant qu’« en l’absence de sécurité pour les magistrats, d’infrastructures adéquates et de sécurisation des lieux d’audience et de détention, il serait difficile de lutter effectivement contre l’impunité », elle a appelé le gouvernement à prendre toutes les mesures nécessaires au déploiement des administrateurs locaux (préfets et sous-préfets) pour contribuer à rétablir l’autorité de l’État à l’intérieur du pays.

Signalons que le mandat de Marie-Thérèse Keita-Bocoum consiste à faire un suivi de l’évolution des droits de l’homme en République centrafricaine, à identifier les préoccupations majeures relatives aux droits de l’homme et à explorer des solutions appropriées, y compris par des recommandations en matière d’assistance technique et de renforcement des capacités. L’experte présentera une version actualisée de son rapport devant le Conseil des droits de l’homme en juin prochain.

Nestor N'Gampoula