APD : d’après les ONG, l’Allemagne financerait des projets de développement en contradiction avec les droits de l’hommeVendredi 20 Juin 2014 - 10:55 Des ONG accusent l’Allemagne de contribuer, à travers l’aide publique au développement (APD), à l’accaparement des terres arables en Afrique par des multinationales, indique un article du site EurActiv Selon Niema Movassat, députée allemande du parti de gauche radicale Die Linke, le gouvernement allemand encourage l’accaparement des terres et l’opacité dans le cadre du programme de coopération en matière d’aide au développement. Die Linke et des ONG pointent du doigt le ministère fédéral de la Coopération économique et du Développement (BMZ), qui, selon eux, contribuerait à l’accaparement des terres par des multinationales de l’agriculture, et participerait à la disparition des petits producteurs. Au cœur des critiques, les activités économiques de la société d’investissement Deutsche Investitions und Entwicklungsgesellschaft (DEG), une filiale de la banque publique de crédit pour la reconstruction. Selon les détracteurs de la DEG, les projets qu’elle finance perpétuent l’appropriation illégale de terres et sont en contraction avec les droits de l’homme. Le BMZ récuse ces accusations. Die Linke a demandé au ministère d’éclaircir les critères de sélections et les normes utilisées par la DEG, et de founir les informations qu’il détient sur ces différents projets. Die Linke a également demandé dans quelle mesure la DEG se conformait aux directives des Nations unies contre l’accaparement, appelées « directives volontaires pour une gouvernance responsable des régimes fonciers applicables aux terres, aux pêches et aux forêts dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale ». Le gouvernement allemand a dit ne pas disposer de telles informations, et juge satisfaisants les mécanismes de contrôle des activités de la DEG. Les procédures de certification interne de la DEG sur l’impact social et environnemental reposent sur les normes de la Société financière internationale (SFI), l’organe en charge des investissements dans le secteur privé au sein du groupe de la Banque mondiale. « Ces résultats ne sont pas rendus publics, souligne Niema Movassat, Par conséquent, il est impossible de déterminer de manière objective si les activités de la DEG promeuvent effectivement un développement durable. » Selon son rapport d’exercice, la DEG a financé en 2013 des investissements privés à hauteur de 1,5 milliard d’euros. La société alimentaire zambienne Zambeef, propriétaire d’environ 100 000 hectares de terres arables dans le pays, a reçu 18,5 millions d’euros. L'organisation des droits de l’homme FoodFirst Information and Action Network (FIAN) dénonce également cette situation. L’expansion rapide du commerce agricole a aggravé les conflits fonciers, attisant les rivalités dans les zones où les terres sont fertiles, où l’eau est aisément accessible et où les réseaux de transport fonctionnent bien. En Sierra Léone, la DEG a pour partenaire Addax Bioenergy, un producteur d’éthanol, propriétaire de 44 000 hectares de terres. Une étude conduite par plusieurs ONG a révélé que la situation monopolistique d’Addax Bioenergy avait un impact négatif sur l’environnement et sur la santé des populations locales. De plus, nombre de petits propriétaires se voient accaparer leurs terres, selon la même étude. Le gouvernement allemand a minoré la gravité de la situation dans les deux pays, en mettant en avant les effets positifs de son action. Pour Niema Movassat, en n’encourageant pas les sociétés avec lesquelles l’Allemagne travaille à respecter les directives des Nations unies, il prouve son manque d’engagement à lutter réellement contre l’accaparement des terres. Noël Ndong |