Alimentation au Congo : diabète, tension artérielle, tout est lié, en grande partie, aux habitudes alimentaires

Samedi 12 Octobre 2013 - 8:59

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Léonie-Charlotte Essesse, présidente de l'ONG Afrique sans frontière, biologiste de formation, experte en politique sociale de développement et en santé publique auprès de la Commission européenne, a organisé du 23 au 28 septembre un projet intitulé Semaine du cœur. Il consistait à dépister les cas de diabète et d’hypertension artérielle (HTA) au Congo

Les Dépêches de Brazzaville : Vous venez de réaliser une campagne récemment à Brazzaville sur les questions liées au dépistage du diabète et de l'HTA. Que ressort-il de ces journées ? Les Congolais sont-ils de plus en plus touchés par ces maladies ?
Léonie-Charlotte Essesse : Dans le cadre de notre projet intitulé Semaine du coeur qui s'est déroulé du 23 au 28 septembre 2013 au Congo, nous avons organisé une campagne de dépistage de diabète et d'HTA dans cinq villes du Congo : Sibiti, Mouyondzi, Oyo, Owando, Brazzaville (CSI Talangai). Sur l’ensemble des départements, 529 personnes au total ont été dépisées. Nous n'avons pas encore toutes les données, mais cela représente 99 personnes à Oyo, 107 à Owando, 108 à Sibiti, 65 à Mouyondzi et 150 à Brazzaville. Il y a parmi ces personnes 30% de diabètiques (10% d'hyperdiabétiques à 3 g/l ) et 38% d'hypertendus. Les personnes ont été prises en charge aussitôt. Ces chiffres sont une base de travail ; ils sont élevés compte tenu de la faible population du Congo. Il est opportun de continuer ces actions afin de sensibiliser les populations aux questions d’hygiène alimentaire. Notons toutefois qu'une glycémie normale ne doit pas être supérieure à 1,05 g/l.

Les Dépêches de Brazzaville : Le diabète et les maladies cardiovasculaires (MCV) ont-elles un lien étroit avec ce que nous consommons ?
LCE : Le diabète et les MCV ont un lien avec les habitudes alimentaires. Pour le cas du diabète, c’est le taux de sucre élevé dans le sang qui le démontre. Dans l’autres cas, les MCV peuvent être liées au stress, à l'hypercholestérolémie (sédentarité), ou au tabagisme. Tout cela est lié à de mauvaises habitudes alimentaires, repas non équilibrés, trop gras ou trop épicés. Par ailleurs, l'absence de pratique d'un sport est aussi une cause de ces maladies. Il faut aussi parler de l'hérédité, d'où la nécessité d'une surveillance annuelle, et d’un troisième facteur : il peut arriver qu'une femme au long de sa grossesse fasse du diabète. Conséquence, un bébé peut naître diabétique.

Les Dépêches de Brazzaville : Que suggérez-vous aux Congolais de changer dans leurs habitudes ?
LCE : Mes conseils s’articulent sur le fait de savoir manger équilibré. Il est possible de le faire au Congo, car nous avons des légumes en abondance. Il est vrai que la viande fraîche coûte cher, mais le poisson est accessible.

Les Dépêches de Brazzaville : Dans la capitale et partout ailleurs, la vente de produits comestibles  appelés communément « malewa », plats préparés, grillades de viande ou de poisson augmente. Quel est l’avis de la spécialiste que vous êtes sur ce type de commerce ? Des conseils à l’endroit des consommateurs ainsi qu’aux commerçants ?
LCE : Vous parlez du phénomène des malewa, du prêt-à-manger. Cela relève de l'originalité de l'Afrique subsaharienne et de l'ambiance des maquis. Il est vrai que ce phénomène est souvent remis en cause, notamment la traçabilité des produits, viande (poulets) et  poissons congelés. Le service d'hygiène qui dépend du ministère de la Santé devrait garder l’œil ouvert et réglementer ce secteur. Une piste par exemple serait de commencer par vérifier les températures des congélateurs et les dates de péremption des produits vendus. Reste aussi l'accompagnement des grillades. En dehors du piment, il y a la mayonnaise, tout cela baignant dans de l'huile, c’est très dangereux pour notre santé. À l'endroit des consommateurs et des commerçants, je dis que tout excès nuit à la santé. Par ailleurs, il faut boire beaucoup d'eau, si possible 1,5 litre par jour pour faciliter la digestion.

Les Dépêches de Brazzaville : Les enfants sont le reflet de la société de demain. Que conseillez-vous aux parents ?
LCE : Mes conseils à l’endroit des parents concernent les repas principaux de la journée. Le petit déjeuner demeure le repas essentiel et important de la journée. Un bol de lait ou de la bouillie de maïs tous les matins. Ensuite le repas du midi, équilibré, accompagné de légumes verts de saison. Éviter les sucreries ou les grignotages ou de manger devant la télévision.

Les Dépêches de Brazzaville : Léonie-Charlotte quel est votre mot de la fin ?
LCE : Si nous voulons atteindre les OMD (objectifs du millénnaire pour le développement), nous devons faire des efforts certains. Il va de soi que ce que nous mangeons et notre mode de vie sont le reflet de notre société.

Propos recueillis par Luce-Jennyfer Mianzoukouta